Le soleil dans les cheveux, sur le cou
Retient l'image d'une terre de rêve

L'enfance est cette zone préhistorique de l'être humain qui, la première, a colorié toutes les fenêtres de sa maison. 

Il ne faut pas enlever la brûlure 
Du soleil de notre visage
Tendre est la feuille de voyage

Dans l'idéal berceau de l'être 
Les étoiles jointes
Ne tremblotent plus

Les portes de la terre 
En devenir de nouvelles terres
S'entrouvrent sur le matin vierge

L'époque des songes

Je poussais la porte verte du jardin, déclenchant ainsi quelque chose d'extraordinairement impressionnant. Par là, j'entrais dans un laboratoire magique. Déjà, la grande forêt à l'orée de la plage, était pleine de signaux avant-coureurs. Il suffisait d'une rose pluie d'oiseaux dispersés en grand delta, et toute l'île se résolvait en étoile. 

J'appris plus tard, de la bouche de Jonathan le Goéland, qu'il était des aubes parfaites pour essayer de naviguer tout seul, que la mer et le ciel formaient un couple vivant, et que chaque voyageur pouvait établir une communauté entre son île, l'horizon immense et lui. 

L'aventure à nulle autre pareille de Jonathan le Goéland, doit sa forme à la puissance des mots d'un poème-quête, d'un poème-voyage. Il faut y voir un goût pour les formes libres, et plus largement pour le goût de l'infini. 

On ouvrira tout grands les yeux
On cherchera le feu jusqu'au bout, jusqu'au ciel
Il fera encore plus soif de vivre et d'aimer
Enfin, une porte s'ouvrira
Il faut savoir qu'elle existe, cette porte

L'esprit des nuages illumine-t-il encore le secret des clairières ? Où se situe le lieu originel, quand nous nous sommes enfoncés dans les arbres, avant de nous reconnaître entièrement nus, entièrement libres, entièrement beaux ? Il y a des milliers de grottes sur l'île ; en d'autres mots, une île est une séquence de sources innombrables. 

D'où sommes-nous ? 

L'île d'enfance voyage dans des mers lointaines. 

A quelque temps de là, un paysage de pluie rencontra une forme chaude, humaine, vraie comme les mains de l'enfance, qui lui dit, en montrant l'espace, la nuit, ce bleu d'aventure : tu veux que je te fasse traverser le poème ? Le paysage de pluie, brillant de tous ses argents bleus, regarda l'étrange étrangère et répondit : ce sont les oiseaux de la haute mer qui ouvrent les paupières de l'aube. 

Rien n'est plus ennuyeux que l'extérieur sans l'intérieur.

Ici, qu'ils soient de la nuit, de l'aube ou du jour, les bâtisseurs de rêves creusent des pistes, même si rien ne peut leur faire oublier qu'ils sont sortis du songe, remontés à la surface, et que c'est pour cela, sans doute, que les mots du poème, dès le début, leur laissèrent présager la réconciliation de tout ce qu'ils croyaient séparé. 

Il est désormais question d'une course de découvertes, car en effet, l'amour du poème est une victoire contre l'usuel.




Tout est rêvé d'avance, reste à associer le lieu d'où l'on vient et le lieu où l'on va.
Ce sont des lieux qui se cherchent et parfois se trouvent.

La limite incertaine des profondes nuits nous relie à la course effrénée des étoiles.

Le monde est à tous les yeux qui le cherchent dans la nuit.

La nuit a de longs silences bleus
Comme de longs cheveux
Merveilleusement tombés du ciel

Les destinées tourmentées des étoiles
Submergent au cœur même du chaos
La fragile beauté des nuits dans le monde 

Les étoiles ne sont-elles que des moments de lumière ? 

Les étoiles lointaines déchirent l'obscurité
Et moi, qu'ai-je découvert en existant pour le monde ? 

Ce que je sais ? Ce que je sais, c'est que la voix des étoiles est un rêve de l'être unique.

Il n'y a qu'une seule possibilité de pénétrer profondément la nature et le cosmos : dans un vert de l'aube sur le reflet d'un autre. 




Mais où sont les bleus de l'aube ? 
La réponse du vent tarde quelques secondes. Ils sont au fond de nous, dit-il enfin. Ils sont créés pour le goût des sources.
Alors, je peux ouvrir mes yeux à l'invisible et le toucher de tout mon corps ?
Au-dessus, dans l'aube bleutée, un trait de lumière traverse soudain les yeux de l'oiseau-lune.
Oui, fit-il, et l'île derrière ton cœur, palpite à ton cou. C'est pourquoi je te dis ceci : dans ton point encore idéalement rond ; ne te précipite pas pour naître. Une île-sœur, on la garde sur soi, rêvée par les yeux d'une étoile. Dans d'autres mers.
Le beau messager se tait à présent. Je l'observe sans rien dire. Ses yeux pleins d'ailleurs, pleins d'au-delà s'ouvrent, me fixent comme ceux d'une mer céleste, puis se referment avec les plus étranges des chants de l'île. 
C'est la dernière vision que j'ai de lui, mais maintenant, je sens concrètement sa présence. Son pouvoir reste, certes attaché à l'invisible, mais les merveilles uniques sont dans les peintures et les gravures des galeries profondes de Palenke.
Le vent voyageur, cet intercesseur entre les abysses et l'au-delà, expérimente joyeusement dans le ciel un bleu inédit. Tout est dispersé, me dit-il, mais tout n'est pas repoussé. Ouvre, tu verras : l'enfant en l'homme est l'île qui remue au cœur.
Il contourne alors les ténèbres impénétrables, et il se trouve tout à coup devant les courbes du matin flamboyantes d'étoiles ; il suit ensuite la trajectoire d'une très troublante lame qui serpente entre ses royaumes.
A cet instant du voyage, une forme de pensée court se cacher derrière le nuage. 
Devenu poème, le mot dépasse le mot, répète-t-elle. Puis elle s'interrompt, pour jeter un regard sur la piste étroite et sinueuse, par où elle est arrivée. Quelque part, au loin, une émotion cosmique baigne dans la clarté immense d'un palais des nuages. 
L'œil rivé à son royaume invisible, l'inconnue au beau langage presse des clefs mystérieuses dans la zone que n'atteignent pas les sans-musique. 




Enfance des relations pures
Île rêveuse des couleurs instantanées
Enroulée en rond sur le ventre chaud du monde

Les dessins du ciel se montrent et disparaissent dans la couleur, mais sous la couleur, ils ouvrent la porte du rêve et de la lumière du feu. Jamais je n'ai autant ressenti cette zone d'absolu, emportée par le vent de mer. Elle colle à merveille à l'arbre de vie inversé des peuples premiers. Et à partir de ce moment-là, le moment que je n'oublierai jamais, mon regard se pose sur le premier pays du poème, exactement entre les crêtes des vagues, qui attendent la visite d'un reflet des rayons de lune. 

Le poème de l'Ancien Monde m'apporte la réponse.

Par l'un de ces matins de pure lumière, les premiers fils de la terre pénétrèrent dans le domaine le plus secret et le plus sensible du monde vert, celui de la Grande Forêt. Le long voyage, depuis Sept-Cavernes, les avait amenés très à l'ouest de leur pays, mais au cours de leur voyage, ils avaient découvert pour la première fois, le lien secret entre la présence de la lune et le rêve d'autres mondes. 

Topiltzin s'avançait sur le fleuve du temps rêvé, en éclaireur. Sur la cime des arbres, dans la nuit bleutée, le disque argenté de la lune oscillait sans cesse de son île de silence aux grandes aubes d'or bleu des planètes. Et, pour la première fois, Topiltzin mesura combien il était important d'être conscient du mystère de cette relation. 

Il y a bien longtemps de cela, un pan de roche glissa, découvrant une ouverture, puis l'eau fécondante de sépara en deux ; un Dieu double, à la fois père et mère, s'inclina et ce fut une cascade d'eau douce qui se déversa dans le verdoyant jardin de Tlalocàn. 

Fasciné, Topiltzin  regardait le lac de la lune et le lac du soleil levant à tour de rôle ; il voyait ce monde  en devenir un autre dans l'alternance des jours et des nuits. Mieux : il percevait, qu'entre le temps de l'étoile et le temps de l'île, il était d'étroites affinités.

C'était une presque étoile, un autre ciel à l'envers. Comment était-ce, mer et montagne, possible ? Elle était du ciel et elle disait la mer. Un corps et un ciel trouaient son ventre. C'était avant tout un corps de chair et de chaude lumière aussi ? Les deux, si c'était possible, les deux. 

Dans le ciel de leur couleur, la mer, la montagne, les fleurs se réfléchissaient, se correspondaient. 

La couleur intime de cette île avait ému le regard d'une étoile. Elles seules pouvaient encore se joindre à l'aurore, pour souffler sur des millions de soleils d'argent, qui apparaîtraient dans la lumière du matin. 




Un soir de transparences merveilleuses à Tollan, entre un  chant d'étoile, en haut, et un fragment d'île cryptale, en bas, Topiltzin avait projeté de partir en voyage dans l'une de ses régions les plus éloignées, d'où pleuvaient des rayons protecteurs prolongés par des mains. 

Un court silence suivit, que le vent de la nuit rompit. Et puis, étonnement. Il entendît rouler le corps sculpté de la mer vers le rivage d'un vert compact. Une étoile vivante, une étoile vivante totalement au ras des lames, semblait danser autour de lui. 

Il savait que, depuis la première aube, elle était entrée dans ses rêves. Mais maintenant, il s'agissait de franchir la zone d'ombre afin d'établir le contact personnel. 

Il l'appelât. Elle vint sur la pointe des yeux, et, de la ressentir tant dans cette lumière réfractée que dans le chant, le réconforta. 

Le clair de lune intense éclairait en plein la silhouette de l'unique point éternel de la nuit qui, chose curieuse, paraissait lui rendre le souffle de l'aurore. 

Il lui fallait à présent déchiffrer les signes des pierres, des arbres. Et il ressentit soudain de la surprise, car le Dieu ailé venait d'apparaître sous les premiers rayons de l'Etoile mère. Il voyait ses grands yeux brillants s'emplir d'espaces émouvants.

Le Dieu Quetzalcoatl se tourna vers lui, ses deux ailes ouvertes à hauteur de son cœur. Il émanait de cet extrême côté du cœur, un mélange d'ombre et d'ocre, et auprès de son Dieu, Topiltzin aimait imaginer qu'ils pourrait entretenir une relation encore plus directe avec l'Autre Monde.

Ecoute et n'oublie pas, fit Quetzalcoatl, tu te demandes comment les îles d'elles-mêmes s'enflamment ? Mais si les mots n'étaient point nés dans un poème, ils s'égareraient loin du monde, comme des arbres séparés de la forêt. Topiltzin lui sourit, parce qu'il notait en ce moment même des mots nouveaux. 

Si c'était bien là le désir de Quetzalcoatl, Ce n'était pas le cercle des matériaux épars, qui éclairait, mais le plérôme maternel de la réalité essentielle sous-jacente.  

En quelques secondes, l'île de la forêt devint un coquillage, dans lequel on entendait la mer.  C'était donc ici, que le monde avait été donné, précédé d'une caresse pleine d'étoiles palpitantes. Et le prince Topiltzin entoura autour de son cou les ailes du Coureur d'étoiles. 









Fragments


Il ne faut pas rompre le splendide isolement des dieux prisonniers de leur vallée de jungle.

Je devine confusément qu'il me faudra traverser des ponts de brume.
L'apprentissage du rêve se poursuit.

Un irrésistible élan me pousse à déserter les villes et les livres.

Derrière les yeux de la rue, il y a la préférence désespérée pour les forêts et les plages.

La mer immensément bleue refait de l'intérieur l'itinéraire de ses îles.

La lumière sur la mer est annonce d'un enfouissement dans le ventre de la mère.

La mer disparaît dans la mer, croyez-vous ? Erreur ! La mer met au monde ses îles 
pour voyager avec elles.

Et que serait la mer, s'il n'était point d'île à l'envers, pour venir d'aussi loin, 
de l'autre côté de l'eau, dans le pays des rêves ? 

Explorons les rives inconnues et les mille et une plages.

Ce monde est venu plusieurs fois au monde, sous l'effet sensible extérieur de la lumière.

Pour qui cherche l'autre rive, seule compte sa métamorphose en oiseau.

La ligne de projection permet d'accéder à une nouvelle dimension de l'être 
et à une direction de plus en plus pure. 

L'ombre et la lumière nous servent à penser le rapport entre la forme médiatrice 
et les phénoménalités. 

Chaque forme a son ombre indéfiniment répétée.

Il faut rendre sensible, visible la présence de la forme dans l'ombre. 
C'est ce qui permet l'activation de l'intériorité. 

Il faudra entrer dans le rêve et retourner à la symbolisation analogique.

Quelles libertés peuvent avoir des mots et des images ?

Les mots s'engloutissent dans le passé et renaissent en un autre lieu. 

Toujours plus pur doit être le fond blanc, même si le poète a appris à nicher 
sur la page noire comme ses mots.

La présence de clarté est un point de liberté.

La violence d'amour est une approche imaginative de la main.

Nous sommes maintenant et pourtant nous ne sommes pas maintenant.
 Quand sommes-nous?

Ce qui n'a pas été appris au début de la vie est définitivement perdu.

Malheur à celui qui n'a pas eu le temps d'être aimé, loin du regard maternel 
qui sécurise et protège.

La nostalgie des voix secrètes ne rejoint aucun lieu, 
hormis peut-être, 
l'ombre de ses rêves qui ne sont plus et ne peuvent être.

L'être occulté de la lumière noire revendique, désespère l'harmonie des blancs. 
C'est dans le silence et le secret qu'il prend sa source. 

Dans la brume, il y a comme une respiration interrogative. 
Elle voile et/ou dévoile le rêve des origines.

Changement de cap.
 La vraie vie idéale est au dedans.
 C'est à l'intérieur du corps que se déroule le mystère métaphysique. 

Les voix d'une liberté illimitée se touchent, comme gambadant dans l'espace nu des corps.

 L'alcool de la chair traverse les mondes.
L'alcool de la chair est toujours en voyage.

Les feux de totale libération se déplacent dans l'espace vierge et pur 
du désordre des libertés.  

Le mouvement de l'expérience libératrice est dans la rue.

Tout est affaire de libertés, d'oppositions et d'équilibres.

L'essentiel de notre communication, c'est le désir d'être, d'exister, de créer.

Il n'y a pas de définition, il y a la liberté.

La musique de l'aube est fluide, jamais prédéterminée.

L'instant qui sépare le jour qui s'achève du jour qui vient est un poème-source, 
qui nous parle de l'absence de l'autre et de sa présence. 

Chacun sait au fond de lui, qu'un rêve se réalise avant la naissance, 
avant le commencement.

Le schéma est rond : partis de la nuit de la matrice, on retourne à 
la métamorphose intérieure.

A chaque montagne, à chaque ruisseau, comme à chaque être 
correspond une voie spirituelle.

La piste ouverte est la seule, l'unique et vraie perception claire et distincte. 

Les hautes montagnes tendent à toucher l'indicible, au point d'être prisonnières 
de leur reflet dans les nuages.

La rive des songes réinsuffle un merveilleux d'imagination conçu 
par de lointains ancêtres
qui ont tiré de cette matière disparate un dieu.

La chambre de l'eau peut être conjuguée avec le rouge ardent des murs-miroirs où se reflète le soleil de l'humanité à des milliers de lieues de son sanctuaire. 

La lumière est née sur l'eau d'une autre lumière.









L'ascension des verticales de la lumière énonce une mystique de l'espace.

Des objets lumineux d'origine inconnue vibrent sur d'autres fréquences.

Plus rien ne retarde les routes affamées de présences, leur blancheur émane 
des lumières mêmes du ciel.

Les dessins du ciel ouvrent sous la couleur la porte du rêve.

 De la naissance à la septième année, se trouvent réunis 
l'inaccessible, l'impossible, l'inattendu.

L'enfant meurt en nous et par nous, parce que nous n'avons pas le courage
 de marcher dans l'autre chemin.

Les chiens qui courent sur la plage affirment l'autonomie 
d'un temps d'enfance radicalement autre.

La part d'enfance ne fait que commencer. 
Et c'est vrai qu'il n'y a pas de but, seulement la route et les rencontres. 

Dans ce sillon libertaire ont germé de nombreuses plages féminiennes de l'amour libre. C'était, je m'en souviens, tout à l'heure, à la façon de l'enfance ou de la musique.

L'île et une mer, une mer et l'île, les deux sont indissolublement liées. 
L'écoute et la parole encercle.

Dans ce rêve, la longue île du moment présent tend à devenir ronde 
comme la respiration de l'amour.

Une étoile n'oublie jamais une île qui est restée dans sa lumière aussi longtemps.

Un vent de naissance libertaire souffle partout et toujours d'une terre à une autre terre.

L'institution et la libre interprétation n'ont rien pour s'entendre.

L'externe n'est qu'une parcelle de monde sur elle seule close.

La fixité menace constamment l'esprit du lieu.

Les surfaces sensibles se libéreront de leurs attaches.

Les occupants de la terre accèderont à d'autres niveaux de réalités. 

Dès l'instant où l'on s'installe sur le territoire de l'étrange, l'attrait de l'inconnu
 nous agrippe par l'émotion des mots.

L'expression visuelle d'un pont désigne une relation avec un point d'arrivée, 
tandis que l'ombre de ce pont enferme la découverte d'une liaison. 

Un paysage parcourt une baie vitrée 
pour rejoindre dans les éclats de cette lumière
 sa transposition.

Le noir et le gris s'entrecroisent et concentrent la profondeur. 
Par là, ils donnent accès 
à la dimension expressive de la lumière. 

A travers la vitre, je n'ai de regard que pour les dessins du ciel 
suspendus dans le ciel des mots.

Et la question toujours posée est celle de cette image d'écriture. 
Les mots émergent quelque part, de l'autre côté de la page. Alors où vont-ils ? 
A droite ? A gauche ? En haut ? En bas ? Dedans ? Dehors ? 
On ne sait pas.

Le souffle de l'ombre entame une traversée 
des territoires inexplorés
livrés par la sensation intime.

L'ombre et la lumière s'attirent et se repoussent sans cesse, puis elles se rejoignent 
et disparaissent. 

Les fenêtres prêtent leur rectangle de lumière à diverses manifestations visuelles.

L'interpénétration de la mémoire et de l'absence se perçoit
 comme réceptrice d'une nostalgie de la présence. 

Le mouvement vivant des fenêtres blanches écloses
 met fin à la rupture entre le clair et l'obscur.

La résonance de la lumière sur le noir génère un horizon merveilleusement inaccessible.

Le rêve des étoiles émane des rivages de la musique.

L'espace visible est dans sa nature première un espace de pensée. 
Autrement dit, 
une réflexion sur l'origine et la diversité des voies.

La poétique de l'eau est liée à la lumière du monde 
et la lumière du monde est une pluie de sublime
 dans les mains de l'enfance. 

La terre de notre voyage cherche ses yeux dans le ciel pour pouvoir se regarder sur la mer.

La terre est une île du ciel emportée par la passion expressive de la lumière.
 Rien ne viendra jamais lui ôter ses rêves.

L'air et la lumière, l'espace libre sont secoués comme sur des vagues. 

La mer est venue d'en haut et non d'en bas.
Le ciel est une mer dans le vent.

La mer et le soleil : elle est sa couleur, il est sa lumière. 

La mer a rencontré la terre sur une plage.

La lumière sur l'île est toute la lumière des yeux.

Le soleil dans la mer et la mer dans le soleil sont égaux, identiques l'un à l'autre. 

Le vaisseau volant de tous les bleus du jour ne cesse de se combiner 
à la forme du mouvement, à la forme de la liberté.

Le rapport du soleil et de la mer est perpétuellement au-delà. 
Comment faire comprendre cela ? 

Construire un moment d'éternité, cela veut dire réfléchir, imaginer, inventer.

Ecrire est un voyage en solitaire. Est-ce de la vie éveillée ou de la vie en rêve ?

Il faudrait à la fois rester un enfant et vivre comme les autres. 
Est-ce possible ? Ecrire et vivre et inventer ?

Le désir de réintégrer l'instant merveilleux.

Je veux parler d'un mariage possible, ici et maintenant, de l'idéal et de la contingence. L'immanent et le lumineux forment un couple. Un monde intact.

Quelques-uns seulement, très rares, sont chercheurs de Dieu la Mère. 

L'énigme ou le mystère de l'individu dépend d'un labyrinthe de possibles.

Dans l'état d'enfance ou de rêve, le sentier de la quête est proposé, jamais imposé.

Le langage inventé des nuages fait corps 
avec une certaine tendresse protectrice idéalisée.

Les mots pierre blonde, colline ronde s'entremêlent et s'entrouvrent
 jusqu'à la pointe d'une poitrine nue qui leur fait battre le cœur. 

Qu'est-ce qui nous permet de penser que c'est une invention poétique et rien d'autre ?  Et puis, qu'est-ce que la poésie ? Le vrai nom de cette sœur des étoiles, qu'est-il, sinon
 le point extrême dans l'extrême absolu ? 

Le sublime est arraché à un instant de limpide beauté pour être enfermé dans le vide blessant de l'utilité immédiate.

  Nous avons une possibilité d'action, un début de réponse
 au plus près de notre enfance. 

Il y a un secret sublime dans les lignes d'ombre immanentes aux formes de l'espace à saisir.

  Nous avons rencontré l'inconnue de l'espace, peut-être au fond de notre cœur.

 Ceux qui aiment avant, ailleurs l'aurore de vie ont commencé à  ouvrir tout l'antérieur. 
 Et même si les premières lueurs aurorales de l'aube se sont arrêtées au plus profond de la forêt, personne que le vent pourpre d'un signe ou d'une ligne dans l'espace
 ne s'en est aperçu. 

Au bout de ce bleu lumineux des voies de la nuit, le voyageur retrouvera la Déesse-Mère des commencements.

C'est sans doute au cœur de cette nuit primordiale, que réside la part intime, 
le secret de la vraie vie absente. 

Cette terre devrait être une réflexion sur l'amour et les liens secrets qui se tissent entre les êtres, de l'état embryonnaire à l'état fœtal et de la matrice à l'air libre. 

Qui sommes-nous, en vérité ? Y-a-t-il d'autres ciels au-dessus ?
 Le Rêve nous attend.

Le monde sans l'autre ne respire pas, il n'a pas d'être.

Il faut changer de mode réceptif. Les fenêtre intérieures d'un mur aveugle 
n'accèderont jamais à la source transcendante.

Le retour aux étoiles et à l'au-delà du visible. 

Une seule envie de prendre l'espace et c'est peut-être une architecture de lumière 
qu'on ne connaît pas. 

Le temps, le lieu et l'heure du rêve sont indiqués en paroles ailées et en empreintes grises dans le bleu liquide de la nuit. 

La forme primordiale et universelle de la terre peut se lire 
dans une sorte de cercle d'eau intemporel, éternisé. 

Je veux parler du passage 
de l'image extérieure (la limite spatiale) à l'image intérieure (la lumière illimitée). 

Celui qui préfère ne rien croire mais se dire que tout est possible 
recommence tout, recommence la vie.

Il est vraisemblable que les mythes d'origine servent de réflexion dans notre transposition du rêve dans la réalité.

De très loin, de très profond à l'orient de la forêt est le matin d'or du lieu de l'émergence.

Notre première vie échouée en marge de la terre maternelle des arbres et des animaux, approche chaque jour un peu plus de notre grand corps effacé.  

Les voiles d'aube lunaire sont un formidable déclencheur d'imaginaires.

La sensibilité active du regard intérieur rend visible l'invisible. 

 Là est l'invention d'un chant, d'une direction.

De l'endroit où je me trouve, je peux apercevoir l'heure éblouie déroulée 
d'entre les draps et les couvertures scintillants d'étoiles. 

La beauté est le moyen d'expression du divin, l'activité créatrice du lumineux.

La lumière que je cherche n'est pas au bout du ciel, elle est à même la terre nue.


Les images ressemblent aux enfants, il faut les laisser inventer, s'inventer.

Les formes en liberté sont les formes d'une nouvelle réalité.










 
Une nuit, alors qu'il marchait le long de l'absolu, Topiltzin aperçu soudain le Gardien de l'éclair. Dans le cœur le la forêt, coulait déjà à flots, l'espoir vert. Dans cet oracle du vert, un visage connu ou inconnu : le sien ou un autre. Il étendit la main pour l'attirer à lui, mais le Coureur de lumières s'éloignait sous la lune pleine. Topiltzin pensa : sans doute le temps n'est pas encore venu, où je pourrai voir dans la dimension réelle de l'infinité et de l'éternité. Il aurait aimé lire dans l'eau pure d'une rivière, la clarté de cet éclat de nuit, mais il voyait combien était long le chemin qui allait le mener à l'eau de sa source.

 Quoi ? Il se pouvait aussi que ce noir fut un passage douloureux, qui lui permettrait de traverser les nuées flamboyantes. Une idée surtout l'obsédait : dans les veines de l'arbre courait le centre vivant du monde, mais le centre était ici, là-bas et ailleurs... Où avait-il été jeté ? Où allait-il ?

Topiltzin connaissait une grotte ouverte au flanc de la montagne sur un paysage marin, dont le regard brillant pouvait être celui qui ouvrait la voie à toutes sortes d'ors rouge et de blancs purs. Les signes peints ou gravés sur les parois de cette caverne transposaient idéalement l'inexprimable. Mais, d'où venait cette envie de peindre la lumière ? Quelles paroles ailées, cela faisait naître chez celui qui se risquait à cette aventure ? 

La lumière dans les premières heures du matin inondait les lacs souterrains. Topiltzin s'était endormi, rêvant qu'il connaissait déjà le point d'origine. Enfin, il y eut ce moment où, brusquement, la voix du rêve lui dit : ce que tu veux, c'est revoir le pays où nous nous sommes aimés d'enfance. Car nous nous sommes déjà rencontrés, dans ce vert féminin de l'aube, que tu croyais oublié. Topiltzin avait appris à reconnaître l'endroit précis où s'effectuait le passage : c'était quand il rêvait d'un cercle d'eau. D'où son extraordinaire attachement au cristal des mots pierre et des mots pluie, notamment l'odeur de la terre mouillée, qui représentait l'absolu de ce qu'il recherchait : l'île sœur de l'espace, comme point de passage nécessaire à tout ce qui pouvait renaître au-delà des côtes bleutées. 





Tout a commencé il y a des millions d'années de la lumière, ou peut-être des milliards ; l'Incréé seul sait combien de temps la naissance écriture a mis à embrasser du regard l'arc du ciel, la surface de la terre et les quatre coins d'un univers parfaitement connu de Lui.

Devant les hommes de l'enfance, il était ici tout autre chose et cette autre chose était dans l'esprit des nuages, sans compter une abondance de formes rapides. Une immense clairière, au sein d'une forêt sans limite, devenait une véritable matrice maternelle, à l'instar des cavernes cachées très profondément au cœur des montagnes. 

L'homme-enfant était attiré par la présence d'une âme de lumière, qui voyageait entre les îles et les terres. Une reine de la nuit, égarée au pays des hommes, était-elle tombée de son rêve ? Et qui cela pouvait-il donc être, sinon la grande Âme de la terre qui, dans une autre fréquence, savait l'art de déchiffrer les messages. 

Le temps d'un long regard ébloui par l'aurore, et l'Introductrice au royaume poursuivit son approche des chants d'innocence. Mais, comment arriver à cette entrée resplendissante de la grotte, située sous le niveau de la mer, certes où serait à chacun, selon son univers d'eau douce et d'eau salée, dans une autre enfance de l'humanité ? Pour arriver à cette grotte sous-marine, les enfants de l'Ancien Monde pouvaient-ils renoncer à l'inattendu, à leur sensibilité et à leur comportement dans le chemin de l'inexprimé ? 

Ce rectangle de nuit bleue a disparu dans le lointain. Pour aller où ? Il n'avait d'autre rivage que celui des regards de l'étoile sur les flots.

Nous avons seulement été épris de l'infini. Nous avons goûté la saveur étrange d'un mélange d'homme et de dieu. Là où certains voyaient le Verbe fait chair, d'autres parlaient de la chair devenue Verbe. Le doute mortifère ? Au contraire, nous voulons l'étendre. Car trop de personnes voient sans croire et de nouveaux défis attendent les autres, qui croient sans garantie, sans "preuves". 

La religion est de l'ordre du merveilleux. Elle ne doit pas être une institution, mais un mode d'appréhension, de questionnement. Mon espoir est aussi d'élargir le récit jusqu'à la Parole et de l'encourager à être de chair et de vie. Tout est à construire charnellement. 

Au commencement est la parole et la parole est poésie.












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