La nature est le double
D'un autre monde
Et fait foisonner
L'inimaginable
L'extrême
Le merveilleux

Jeté sur une île déserte et montagneuse, un voyageur égaré se reposait au somment d'une dune. Tandis qu'il semblait attribuer à l'esprit des nuages une sorte de méditation métaphysique, un visage de l'autre monde apparût  soudain au bas des paupières de l'aube. Surpris, il songea : est-ce un signe du plus grand inconnu de la terre, que je viens d'apercevoir ? Un ensemble d'idées-images traversa son esprit, et tout cela se construisait comme des dessins d'enfants. Les formes de la lumière voulaient s'unir et leur rapprochement produisait un aspect d'infini matérialisé. Il comprit qu'elles étaient dans plusieurs mondes et qu'elles remontaient vers ce qui se cachait derrière l'expression du ciel et des ciels. L'infinie diversité des formes surgissait de partout mais elle n'échappait pas à l'ombre bleue de la terre. Le contact originaire de la pierre cosmique de la terre débordait de toutes parts. La matrice maternelle renvoyait toujours à ce lieu de toutes les transmutations. Toutes les lumières présentes, absentes ou rêvées se répercutaient dans une relation d'amour interne et éternelle. Il avait suffit de quelques grains du temps éternel pour que l'intériorité des objets du cosmos se déplaçât au dehors. Mieux : le dehors du dehors. 

La nostalgie de la présence, c'est ce qui nous entoure et ce que nous sommes. L'arbre, l'eau, le vent naissent de ciel et de terre et agissent sur tout ce qui constitue les fibres de notre être. 

Il existe un rapport filial entre le monde horizontal et circulaire de l'existence et le monde vertical et ascensionnel de l'être. Le parcours de la circonférence pour rejoindre le centre, s'inscrit dans la course immédiate et permanente du cercle, pour atteindre le point de fusion de l'existence dans l'être et/ou de l'être dans l'existence.

Les mondes visible et invisible interagissent dans une alchimie souvent méconnue. Ce qui était présent mais caché, devient visible uniquement à celui qui perçoit le monde de l'intérieur. Ceux qui en sont exclus demeurent à l'extérieur, conscients et détachés. 

Cette sortie vers l'infini, au-delà des formes et des couleurs, conduit le voyageur dans une phase entièrement nouvelle de sa vie. Reste un problème crucial : l'infini dans le fini est en soi un au-delà de soi. Un lieu sans lieu ? 

Il faut s'éloigner doucement
de ce que l'on a concrètement sous les yeux,
afin de le laisser inventer, s'inventer.





A la vérité, il se dégage de cet endroit une telle impression d'accomplissement en rêve, qu'il me semble des plus énigmatiques, comparé à la vitre de la raison qui sévit au dehors. Mais je sais que l'instant poétique est frère d'un commencement, d'un chemin et, qu'à cet instant précis du dialogue, l'occasion m'est offerte de m'unir.

Impossible de me délivrer de cette voix, autant intérieure qu'extérieure, au moment où la source lumineuse faisait irruption en moi. C'était elle et personne d'autre qui venait à moi. C'était comme si tout ce que je faisais, tout ce que j'entendais, ce que j'écrivais, ce que je lisais était retourné à l'incarnation du matin de ma vie. Et je pensais : tout le ciel me regarde et m'écoute, mais une seule étoile me voit et m'entend. Elle ne peut pas plus me rejoindre que je ne peux l'atteindre. Si elle le pouvait, il n'y aurait plus ni grâce ni jaillissement de la lumière. Je regardai fixement l'étoile et l'étoile me regardait fixement. Mais, déjà l'étrange inconnue irradiait une clarté rose sable, comme sous l'effet de la musique étrangement proche d'un pays de l'aurore. Je pouvais me pencher et caresser sa joue. Elle joignit ses ailes diaphanes et, remarquant des reflets ondoyants aux anfractuosités, je me rappelai que la lumière sur l'eau céleste exprimait l'idée d'une mère éparse dans l'univers, cachée jusqu'en moi-même.

Il y a un avant-monde actif et créateur. C'est là qu'intervient l'étendue sauvage de la poésie. Le mystère humain a plus à voir avec la nostalgie des surfaces matinales qu'avec l'espérance d'une plus grande vie. 

Tout élément naturel, eau-montagne-étoile, était habité par le frisson clair de l'âme. L'aube s'habillait de rosée sous l'aile limpide de l'oiseau d'un temps mystique. Le roi poète Nezahualcoyotl rêvait comme tant d'autres coureurs de lumière, qu'il se mettait à sa recherche sous les mots. "Cette terre nous est seulement prêtée, disait-il, nous sommes venus seulement pour rêver". 
Il commençait l'ascension du poème, les yeux fixés sur le cercle des étoiles, naviguant de toutes ses pages d'aube à écrire, quand un rêve apparut à ses côtés, celui de l'étoile-île, où le ciel s'ouvrait et descendait vers la mer, accompagné par un vol d'oiseaux mêlé à d'autres tons orangés. Dans les ondes lumineuses de cette rencontre, dérivait une île d'un bleu clair et pur comme le ciel. Et je dirai également ceci : l'émouvant retour au lieu d'émergence faisait l'expérience de ses plages muettes. Longtemps, il est resté là, à chercher où se cachaient la tête avec l'œil et l'oreille, à chercher encore où se cachaient l'œil et la main, à courir après des silences rouges. Mille idées tourbillonnaient dans sa tête, il répétait : sait-on qui l'on est, où l'on est, de l'espace inventé d'une micro-impression de main rouge vers la région d'aujourd'hui ? 
Le souffle divin était partout présent et les sables de la mer étaient éblouissants d'étoiles. Déjà s'esquissaient Céphée, Deneb, Eridan. Leurs appels effervescents affleuraient sous la surface immensément bleue de la grande solitude libre. 

Il était une fois ou plusieurs fois un royaume légendaire
Dans l'infini bleu de nos cellules qui se dissolvent
Là bas dans un chemin d'infini !

Le monde de l'île ne se réduit pas au plan terrestre, à l'histoire, au quotidien. Lentement, de manière presque imperceptible, les possibilités de l'existence métaphysique disparaissent et renaissent sans cesse dans un mouvement circulaire de l'île. En amont de cette accession immédiate à l'ordre surnaturel, le mythe ouvre à tous le tout début de sa transcription du Ciel absolu. Avant de lire la présence des dieux, du vent et de la nuit, l'initié doit s'éclairer à la lumière d'autres mers terrestres ; il peut multiplier à l'infini les images du Véritable-d'en-Bas, ou bien tenter de refaire le cercle des visages dans le Véritable-d'en-Haut. Tout son esprit étonné s'écrit : je serai d'être !

Le prince toltèque Topiltzin, dans son effort de spiritualisation, avait mis à nu le fond de cette aspiration à l'infini du ciel. Il était convaincu qu'il n'existerait sur terre ni gloire, ni grandeur jusqu'à la création de l'être de lumière. Parmi les questions importantes que le prince toltèque et prêtre fondateur de Tula avait à aborder, l'ordre de manifestation des créations primordiales occupait une place de choix. 
-- Où allons-nous ? avait-il demandé à Quetzalcoatl , après avoir quitté son corps physique et déployé ses ailes pour l'ultime voyage. 
-- Dans le vent Tlalocayotl, répondit le souverain Serpent à Plumes.
Dès le signal, il enfouit sa tête dans la couleur dominante de l'astral. La force du vent le poussait à refermer un dernier regard de l'île sur lui, mais Topiltzin hésitait. 
La lumière éclaboussait les mouvements rapides du vaisseau mère. Il retint soudain son souffle. Ce vent qui coulait autour de lui, c'était trop intérieur, trop tourmenté, trop secret.
Quetzalcoatl se tut. La magie, la lumière touchaient au-dedans. Dehors, la lune brillait toujours. Lune et vaisseau formaient un couple. Un monde intact.
-- Ici, écoute.
Devant le premier soleil, l'œil du jour nouveau, ils sentirent le souffle ou l'inspiration des dieux, ces faces différentes et cycliques de l'Incréé. Et pour la première fois, Topiltzin chercha dans le cercle le visage de l'enfance.
C'était le cœur de l'âme avant la naissance, qu'on entendait battre ici. Toute cette vie inconnue fermée dans ce corps, était beaucoup plus qu'une île de chair sur elle seule close. C'était une Divinité vivante, immanente, naturelle. Ils écoutaient, ils échangeaient et ils redécouvraient l'étendue intérieure des univers.
Des lors, Topiltzin comprit qu'il était né avant sa naissance, en communion d'amour avec les mondes. Quels étaient les mots à écrire ? Les mots qui, de l'avant-naissance, lui remontaient aux lèvres, traversaient une mer de nuages sans bruit. Il traverserait de nouvelles incarnations pour parcourir la béatitude finale. Une trouée dans les nuages éclairait déjà le long chemin du retour vers la Maison rouge de l'aurore.

 


Au début de la longue marche, se trouvent réunis les antiques symboles et croyances de la Mythologie. D'étranges voyageurs cherchaient parmi les prophéties et les songes, le secret d'une harmonie profonde entre l'homme et l'univers. Les traqueurs de traces, comme les autres inventeurs de signes et d'écritures imaginaires, n'étaient découvreurs de sables invisibles et de pierres extraordinaires, que quand ils s'emplissaient de mers, de lacs, de rivières. 
L'aube qui s'allumait devant eux avait mis de nouvelles couleurs, et ils commençaient à percevoir tout doucement, qu'une rencontre de chair et de vie ne se réduisait pas à la matière, à la surface, à l'enveloppe ; que quelque part dans une sorte d'espace transitionnel, les terres et les îles se fondaient les unes dans les autres ; que la chair bleue de la mer ressentait le goût des forêts comme une terre originelle, et tentait de restituer l'émotion des couleurs qui parcourait les surfaces rocheuses ; qu'une fois de plus, mais c'était maintenant une question de rêve initiatique sur les eaux, la grande Île absorbait dans les clartés du matin les luminescences lunaires. 
Rassemblés autour du cercle de pierres, ils fixèrent les grands principes sur lesquels se fondaient le mouvement, la lumière, le son ou le verbe. Devant eux, des éclairs de bleu rouvraient l'eau fendue dans l'herbe tendre et frémissante. Puis une étoile s'échoua sur la plage, presque à l'endroit où la rivière se jetait dans la mer. Ce fut alors qu'une Main levée surgit soudain de la brume. 
A ce moment, tout un peuple d'oiseaux longeait la haute portion de l'île, roulant avec les nuages, à travers tout ce degré d'absolu, en direction de la Main de vie. Les hommes n'avaient rien vu de semblable à hauteur de vagues et d'horizons.
Mais ils n'étaient pas au bout de leur surprise. Ils virent apparaître une mer aux sept nuances de bleu, où se lisait par mille signes-messages le territoire de toutes les premières forêts d'algues ou de fougères confondues. 
Ce qu'ils avaient vu ici, c'était le commencement du monde un et nu. Ou peut-être plus, peut-être plus. Plus étonnant, ils émergeaient enfin à l'autre extrémité du poème. Car ils avaient de quoi s'enfuir dans la chambre intérieure de l'air, du sable, de l'eau. 
Au bout d'un temps de silence, les devins s'aperçurent que le Jour Quatre-Mouvement se créait. Tout les porta à croire que chaque chose dans l'eau, sur la terre et dans l'air dépendait d'une couleur magique, correspondant à son orientation. L'une des quatre routes était rouge, comme la nature divine du "Maître de l'anneau des confins du monde", une autre était noire comme l'habitant de l'inframonde, une autre était blanche comme l'animal, et une autre était jaune comme l'homme. 
L'eau sableuse du rivage scintillait sous la clarté d'une antique et poétique volonté de s'affirmer de tous les moments du temps et de tous les points de l'espace. 
Rouge à l'est et en haut, comme les grands courants d'étoiles recouverts d'or pourpre, dont le halo lumineux attirait irrésistiblement les yeux. Jaune au sud et à gauche, comme une incroyable innocence dans la terre chaude, la terre serrée dans la couleur que faisait la main ouverte en forme d'étoile. Noir à l'ouest et en bas, comme les lieux d'un autre monde que les vents avaient respiré derrière le bleu soutenu de la nuit, loin, très loin, là où l'intérieur de la forêt transmettait la lumière de l'aurore. Blanc au nord et à droite, comme les nuages qui changeaient à tout instant de lumière et ne découvraient leurs harmonies de blanc qu'aux grands chasseurs de signes. 

Je ne sais pas combien de secrets dorment encore sous les ors et les argents des pyramides du Soleil et de la Lune. Nous avons perdu l'origine, le temps, la trace des bâtisseurs célestes de Téotihuacàn.

L'espace inventé touche à sa fin
Presque tous les jeux solitaires ont disparu
Ceux qui arrêtent le voyage sont déliés au lieu d'être reliés

Les printemps de rêve existent à un moment médian, suspendu entre d'autres mondes.




Je m'arrête un instant pour regarder les images et les signes d'une contrée mystérieuse. Dans un rectangle de clarté, un enfant joue sur le rivage pour l'enchantement d'un port de l'espace. Des cet instant, je comprends que de leur union naîtra quelque chose d'absolument neuf, comme la ligne blanche intérieure de cette rivière galactique, fille du signe du vent et du sable de vive-eau. Expérience personnelle et vraie d'une étrange planète errante. 
Depuis l'avant-aube, heure par heure, j'ai vu surgir d'une prairie d'herbes hautes l'intérieur d'un monde. Je me dirige à présent vers ces merveilleuses traces de vol qui courent sur la plage. 
Un peuple migrateur vêtu d'espace se retrouve en ce vent de sable et de feu, sauf qu'il n'a pas traversé les mêmes mues successives que lui. 
Le lieu de cette rencontre est né d'un autre regard. De quel lieu du regard est-il la rencontre présente ? 
Nous venons tous de si loin que tout devant nous a changé. Je me demande qui connaît vraiment les coquillages de cette plage, avec au-dedans le corps et la lumière unis dans un même élan, vers on ne sait quelle association d'une nature où tout peut être considéré comme venant d'en haut, mais rien comme venant d'en bas.
Tandis que je presse le pas sur le front coloré des images, un soleil argenté se glisse auprès de mes chants et me chuchote du bleu vrai à l'oreille. A cet instant, ma bouche dessine doucement le mot Oiseau et, en dépit de mes timides battements d'ailes, je sais instantanément ce qu'est ce mot de lumière et d'où il vient. Je murmure tout bas : c'est par la courbe lisse de son ventre que passent les chemins des îles. 
Je comprends tout de suite qu'un tel mot peut aller jusqu'aux galaxies les plus éloignées, ou du moins parcourir minusculement tout un côté de l'infini champ d'étoiles, mais en même temps, je me dis qu'en effet, ce mot s'enroule en rond sur le ventre chaud du monde, comme un du dedans. Et l'eau de sa chambre s'ouvre, cercle de lumière rouge. 

Peut-être n'ai-je fais que regarder et m'étonner. Mais, je l'entends intérieurement lumineux. On lui refusait jusqu'à l'existence, on l'oubliait. Mais tous ceux qui traquent l'accidentel, l'irrationnel lui sont restés fidèles. 
Enfant, je découpais les couleurs de l'infini à ma taille. Pour moi, le mot Oiseau était un mot au coin des yeux. Ai-je remonté l'espace libre occupé par les oiseaux ? En imagination, oui. Et puis, qu'ai-je fait ? J'ai pris soudain une feuille de papier sur laquelle j'ai noté une suite de mots : aile droite = connaître, aile gauche = comprendre, Oiseau = aimer. Je me suis arrêté, pensif, et j'ai enroulé la moitié de mon cœur dans leurs voiles noires et reporté mon regard sur le blanc de la surface non imprimée. Et là ? Et là, j'ai compris que le blanc de cette surface était une terre cachée, une image idéale sur le sable fin des lettres ailées. 

Un rectangle de papier blanc s'accorde si bien à ce que l'on a individuellement d'unique. Mais après ? Que se passe-t-il ? C'est difficile à dire... pour une seconde d'éternité, on a l'impression d'être un battement d'ailes plongé dans l'infini bleu de l'eau du ciel, une eau d'où sortent des invitations à des clartés.
 
Les mots se mêlent aux mondes qui les entoure aussi vite que possible. 

On se regarde dans ce mot et l'on voit dans ses yeux
L'aube s'habiller de rosée sur l'aile limpide de l'oiseau.

C'est une étrange chose d'être un mot qui s'harmonise à l'universel. Un mot qui écoute s'il pleut très loin, très haut du côté d'Eridan ou d'Antarès. Un mot silencieux comme un arbre ou une source, la lune. Vraiment, ce mot est un du ciel, ou d'outre-ciel ?

Je vois qu'il est venu au monde dans les mains de celle qui a dessiné pour lui leur maison de plumes vertes. Le point du jour fait de longues plages de sable ocre ferme sa main sur eux, en passant, et les laisse glisser dans le bleu de ses lignes. 




Premier matin
Deuxième matin
Le monde commence
 
C'est maintenant l'heure du point du jour, du point de fuite.
Il faut d'abord se hisser sur le fond de la coque chavirée,
puis laisser s'échapper les rayons nomades emprisonnés au-dessous.
De ce qu'ils ont ébloui et de ce qu'ils éblouissent naîtra un ruisseau d'infini.

Il y a déjà de l'impatience en ce climat de l'aube
qui cherche notre premier regard vers le ciel
et qui attend de nous ses infinies respirations d'eau solaire. 

L'invitation à notre île de mémoire n'existe qu'à travers ce qu'elle crée à l'intérieur de nos corps. La course éperdue des visages n'en dit pas davantage, mais nous n'en avons pas moins eu le temps d'ouvrir en nous même d'autres chemins.

Le repliement d'une forme creuse sur elle-même est une surprise pour l'auteur de la vie lui-même. Ce repli vers l'intérieur ne peut s'exprimer que par des éclats lumineux de formes en liberté.

La surface et l'intérieur, elle à l'extérieur, lui en profondeur, ne désirent rien d'autre qu'ouvrir l'immense champ de l'invisiblement visible et y placer l'immanence lumineuse.




Partir, voyager : c'est le seul rêve.

Heureux celui qui, devant un désir d'infini parle ou croit parler doucement avec les nuages.

En haut du pré humide de rosée un nuage bleu s'est arrêté. 
--Je tiens le ciel dans ma main, me dit-il, à fleur d'herbe et transparent comme un dessin d'enfant qui aurait dit : les yeux tout près de chaque pays du vent. 
Est-ce parce que j'ai besoin d'une île où devenir, l'île dont je suis ? Mais pendant que déjeune de bleu son front blanc, il me fait penser à un visage de lumière, ce visage autour d'un autre visage toujours recommencé, au bout duquel l'éclat blanc et bleu du ciel sur la mer s'enlace constamment à des vagues et pose sa question à chacun d'entre nous.
Quelle patrie première ? Quelle graine magique ? Le nuage ! Où range-t-il ses provisions d'invisible ?

J'attribue ce mouvement vers la limpidité de l'air
à la haute vague des couleurs actives du soleil.

Le monde nouménal s'est dissimulé sous l'apparence d'être,
comme une île de lumière sous la surface de l'eau.

Le mot île retourné en dedans rayonne en aurores. 

L'étreinte transcendante de la lumière
est emportée au loin par les élans
et les instants de l'étoile  
formée par ma main
qui s'ouvre.

L'acheminement vers le rêve en de longs, en d'infiniment longs regards éperdus
dessine une poétique toute ronde, toute blonde du corps et de l'image de l'autre
caressés par l'eau dans des bleus or. 

Ce n'est pas par hasard si chaque rocher porte un nom. 
La paroi rocheuse est semblable à la surface vivante d'un corps.
Et la pierre est faite de la même chair que le sable des yeux.

Tout homme est appelé à faire une bouleversante rencontre. 

La voix de cette étoile était limpide, le visage lisse en satin iridescent. De la façon dont elle me regardait, c'était une source oubliée du matin, simple brèche ouverte dans l'espace noir brillant sur la pâle clarté voisine. Le parfum de ses paroles, au plus loin des voies de la nuit, semblait se colorer dans la blancheur de l'ombre. Et je criai très fort : BLEU ! BLEU ! C'est toujours dans le bleu des nuits de l'enfance, que nous nous rencontrons. DEUX ! DEUX ! Il fallait être deux. Ouvrir la grille et courir à perdre haleine jusqu'à n'être plus qu'un point à l'horizon. Deux ? mais encore, je scrutai les lumières du ciel, j'interrogeai ce point d'où surgissait le rêve d'une universelle synthèse. Mais qui a fait cela ? haletai-je. Je plongeai ma main dans ce grand carré de lumière et je sentis quelque chose de bleu, de froid comme une eau céleste.

Tout proche était l'oiseau en brume blanche qui passait devant la lune pleine. Les brumes diaphanes avaient commencé à revêtir d'opale le rivage nuptial de l'île et, devant chacune était une pensée. Lorsqu'il vint à la première, l'oiseau de lune me demanda : entends-tu l'image blanche de celle qui arrive, de celle qui vient, qui ne peut pas ne pas venir, qui peut-être est déjà venue dans les îles du fleuve ? 

Un silence suivit long et bleu de rencontres, de surprises, de caresses. 

De rencontres : j'avais le sentiment d'avoir déjà vu cet éclair de bleu dans l'île perdue du rêve des correspondances. Cette fois, je pressentais qu'à tout instant, l'esprit seigneur des oiseaux et des pierres précieuses pouvait intervenir dans la chair et se lever devant un corps physique, comme un bleu détaché d'une source.

De surprises : tout le paysage s'éveillait et ce que je voyais devant moi était plus qu'un espace blanc où passaient des ailes nimbées de clarté, j'avais devant moi un imaginaire qui s'était concrétisé. 

De caresses : les souvenirs, purs, portaient encore l'empreinte de la terre maternelle et, tout le soleil qu'ils n'avaient pas encore fini de respirer était là, clair et diaphane. Et une autre pensée me vint qui, lentement, me fit faire le tour d'une île de chair matricielle, en harmonie avec le ciel rosé par l'aube.

Tous les chercheurs de mers sont à la fin de leur voyage revenus à leur commencement.

Ma main glissée dans le courant, je tire à moi la surface de l'enfance et commence à inscrire l'éveil de la phrase dans un cercle de mots, que j'accroche à la sécurité matricielle de la terre. 

Tout vient de la couleur
Tout vit par la couleur
Et pour la couleur

Cela touche directement les arbres, les pierres, les respirations d'infini

Source, centre et but de l'imaginaire subversif de la création. 




Les idées qu'on réchauffe dans nos images donnent leur couleur aux mots. 




Depuis ce temps, je continue à regarder la lumière des étoiles et à vagabonder avec les nuages vers ce point de rencontre idéal entre le ciel et l'eau, comme si mon poème consistait à lui ouvrir le passage. 

Quels sont les mots à écrire ?
Les mots qui, de l'avant-naissance
me remontent aux lèvres,
traversent une mer sans bruit.

Un mot : île.
Et j'écoute le mot dissimulé derrière le mot, songeant :
C'est ici que le ciel et la mer confondent leurs bleus.

Sans doute la clarté trouble du petit jour est emplie de mers que j'ignore encore.
Cela peut devenir un fragment d'éternité en marge de la terre. 

La respiration poésie se prépare à la naissance écriture.
Elle traverse les marges et remonte les lignes de fièvre.
La respiration poésie est pareille à ce vent voyageur,
qui vient d'un autre pays inscrit dans l'aube de la nuit,
qu'on retrouve parfois dans le rêve des forêts. 

Prélude à l'harmonie des regards d'oiseaux
entremêlés d'azur, de rouge et d'or.

Je sais qu'après la page noire, la page blanche est toujours au bout d'elle-même d'innombrables fois. Alors quoi faire ? Et comment ? C'est avec le projet de donner forme à une idée, que le mot s'est fait signe pour arriver à l'unique, à l'universel, en transcendant le particulier. 

L'île est île par une étoile
Elle se reçoit d'un être de lumière 

Si une étoile s'interrompait pour abaisser son regard vers le rayonnement horizontal de l'expérience passagère, et qu'ainsi le grand souffle des mots merveilleux sur l'aube de la page parcourait notre cellule intime de l'extrême noir à l'extrême blanc, et si chaque mot avait comme visage de soleil le chemin d'aube qu'il porte en lui, et qu'ainsi le contact entre le dessin noir de l'écrit et l'extérieur nuit de l'image s'appelait Poésie ; la crête de la lame en pleine et lumineuse clarté roulerait vers cette île à l'intérieur de nous, et de toutes parts lui reviendrait.

Entendez-vous le frémissement du vent dans la nuit du feu nouveau et le sifflement aigu du serpent de nuages ? C'est là, exactement à l'endroit où la lune effleure le dessin des collines sur l'horizon, qu'ils se sont enfoncés au cœur des sources devant la glace de l'invisible. 

Je n'ai jamais pénétré dans l'esprit des nuages, mais je soupçonne cette possibilité depuis quelques instants. En particulier, en dessinant de très loin, à l'autre extrémité de l'un d'entre eux, les images les plus fantastiques. Ces premières efflorescences de cités célestes, recroquevillées en position fœtale, ne sont toutefois qu'esquissées, aspirées par chaque courant de sable et transformées en pluie de fleurs. Et ce miroitement emplit tant mes yeux, que je ne perçois plus la cité-jardin, d'où vient de s'élancer le rouge des falaises devant moi, derrière et de chaque côté. Toutes les couleurs entrevues dans ce groupe de nuages sautent d'une constellation à l'autre, comme des oiseaux de feu. Et dans chacun de leur flamboiement, l'esprit des nuages continue de rouler vers une musique très douce et lointaine. 

Des envols de mains cherchent l'Oiseau parfait même si, pour relier terre et ciel, les mains et le corps ont recours à un langage inventé des nuages. On ignore tout de Lui, sinon qu'il retient le souffle de l'aurore, invite au sommet des vagues et jette un trait d'union, au-dessus de l'ombre violette et nue des arbres, à un peuple d'étoiles. Nos frères nomades, nés de la lumière marine ou lacustre, courent à toute allure en emportant sous leurs voiles pâlis une couleur ou une forme des yeux de l'Autre, d l'Aimé et, dans l'un d'eux, les aubes blanches qui ont froid, se pelotonnent contre un livre ruisselant d'aurores qu'elles n'ont pas encore écrit.

Voler ou ne pas voler, voilà tout le problème. Être ou ne pas être enveloppé de bleus. Ils sont nombreux les hommes sans ailes à tenter, mais en vain, de se joindre aux oiseaux de l'île. Et, lorsque nul ne sait depuis quand la mer suit le ciel nue à nu, bleue à bleu, avec des étoiles différentes, ni à quel moment les dunes sculptées par le vent ont épousé la surface de la mer agitée, lui, l'Oiseau céleste reconnaît seul le monde un et nu où la vie rejoint si bien la Vie.


 



Le bleu spirituel du ciel est maculé d'aurores blanches
Pour les entendre dans le frémissement du vent
Il faut habiter les instants et les espaces des arbres

Du fond de la nuit remontait la rosée du temps. C'était elle le centre, le point de source ; elle qui faisait respirer sur le corps de la mer les aubes de l'été et s'élever vers les nuages hauts la valeur sacrée de l'eau. 

Tout ce que je désirais, c'était me frayer un voyage à travers les spirales de sable et, les ailes du vent ramenées derrière mon dos, je me mis à courir vers la vague clarté que j'apercevais devant moi. De quelles rencontres avec les étoiles venaient ces clartés du matin qui s'étaient accrochées aux couleurs des feuilles des grands arbres ? Seule, l'imagination par l'amour et dans le rêve, pouvait me donner une piste. C'était le plus souvent à travers la beauté des forêts, des étangs ou des ruisseaux, que l'on découvrait les raisons souterraines qui avaient guidé l'aube magique, dans le choix de telle ou telle lumière du matin.
 
Le vent m'apportait la réponse et son chant tissait un lien mystérieux
Dans l'aube de ses lignes entre des êtres totalement différents.

L'Oiseau d'aube qui planait au-dessus de moi, entendit ce rêve et me dit : tu te demandes pourquoi le ciel est une mer dans le vent ? Mais brusquement, la mer te recouvre et tu touches le ciel. Aussi, je voulais te dire quelque chose à l'oreille... cherche tout d'abord des images tracées sur le sable avant la première chaleur du jour. Le rêve roule dans le creux de la main, mais au centre de ce minuscule petit grain blond de la lumière, s'élève la courbe sacrée de la route de sable. 
Ce n'était pas si simple de saisir la direction de ce moment médian, suspendu entre deux mondes, dans l'instant même où un coup d'aile d'oiseau faisait voler les formes dans le jeu merveilleux de ses lignes de force ocrées de brume. 
La vérité, reprit-il, c'est que tu n'auras que le temps de sauter à bord et de saisir un joyau de vent.
Comme je lui demandais qui il était, il me répondit : l'Autre est un mystère. Ensuite, il ouvrit et il referma la fenêtre des ombres dorées. En cet instant, ma vie ne tenait qu'à un fil, luisante de sueur. Il s'est enfuit, je crois, à travers la forêt avec le quetzal des hauts vols jusqu'à la galaxie voisine.

Le mythe de la forêt dans l'espace renferme sans doute un secret de la vraie vie vie absente, une façon de voyager, la façon de voyager. Est-il nécessaire de le redire ? Nous ne sommes venus que pour cela. Et je crois bien que ce furent les oiseaux eux-mêmes qui prophétisèrent ce monde nouveau. Depuis lors, des hommes sont partis à la recherche du Grand Pays des Oiseaux, en vain ou presque. Sans jamais l'avoir approché, ils pensaient l'entendre et désiraient l'écouter monter du ciel.

Il s'agit de rapprocher l'intérieur de l'extérieur, afin de débusquer le lien invisible qui relie les deux côtés du monde.
 
Le centre de notre rêve passe par d'autres chemins et relève d'une autre esthétique.

Dans ce flux lumineux, le goût de l'infini nourrit toutes les étoiles qui ont jamais été ou seront. Toutes en une même envie de se perdre et de se laisser emporter par des cascades luisantes d'avant-aubes.
 
Ce n'est que le début du grand voyage. Il faut maintenant poursuivre et poursuivre jusqu'au bout le rêve de quelque chose d'autre qui s'ajoute aux éléments, comme une forme idéale non réalisée du cercle de vie essentiel des oiseaux.  

Derrière ce chemin d'étoiles, juste à côté de la cité de l'aube, il reste encore un univers à délivrer. 

La mer du monde est un matin d'espoir.
Sinon ici, du moins à quelques millions d'années-lumière de là.

Avant que naissent les longues lignes sinueuses d'un ciel ridé,
la course des spirales du sable  mesure sa chance de pouvoir explorer plus loin.

Le souvenir d'un monde sublime me revient confusément après ce long sommeil au fond de ma mémoire. Et je sais au fond de moi qu'un rêve se réalise avant la naissance, avant le commencement.

L'air et la lumière, l'espace libre sont secoués comme sur des vagues. C'est comme une lumière blanche éclatante, superposée à tous les éclairs de couleurs et éclats de sons de la galaxie. Oh ! je ne savais pas qu'elle était un flot d'étoiles immense qui me considérait de ses immenses yeux. Je ne tarde pourtant pas à constater qu'entre les plis de l'onde entrouverte s'épanouit une grande forêt d'algues géantes. Ma première vie échouée en marge de la planète, s'approche chaque minute un peu plus d'un Sur-Monde qui commence et finit sans cesse, mais ne disparait pas. 

Lors d'une étape dans la longue exploration vers l'amour, Jésus dit à Myriam de Magdala : "Moi seul, j'aime l'invisible en toi." Comment faire comprendre cela ? Il y a des yeux qui ne se plongent peut-être jamais dans l'océan des planètes (ça ne les brûle pas du dedans). Cent fois, au cours de mon retard à enlacer des parcelles d'instants, j'ai caressé  l'idée d'ouvrir sur l'aube un être nouveau. Probablement pour une raison identique à celle qui m'a incité à chercher des yeux un chemin d'eau perdu dans les brumes et, l'ayant aperçu, j'ai lu dans les verts de la secrète sève la même filiation à la brise fraîche d'avant le temps. 

Il y a déjà de l'infini en nous qui cherche notre caresse.

Quel est le nom de mon Dieu ? Mon Dieu n'est pas Celui qui est je ne sais d'où ni de quand. Il est un rapport d'émotion comme la musique. Je sais aujourd'hui le nommer dans toute chose qui s'éblouit d'être cherchée par le langage des formes, qui ne cesse de se combiner à la couleur du mouvement, à la couleur de la liberté. Que cherche-t-il ? Où s'en va-t-il ? Dans mon rêve, il répond : je suis l'instant qui porte le regard vers la forme à saisir. Je suis l'inspiration des arbres glissée en toi. Il est le Grand Artiste ! Les rivages de la musique ne font qu'effleurer le mouvement de son corps luminescent. 

Et à partir de ce moment-là, le moment que je n'oublierai jamais, mon regard s'est posé sur le premier pays du poème, exactement entre les crêtes des vagues de la forêt qui attendaient la visite d'un reflet des rayons de lune. 




Un bleu vierge tournoie dans l'espace noir brillant.

Les étoiles rapides qui déchirent l'obscurité sont elles-mêmes dans le flux des images de la nuit. 

Le vent s'engouffre presque violemment noir dans la vallée étroite.

C'est maintenant l'heure du  point du jour, du point de fuite. 

Une voix nous le répète sans cesse
Il reste toujours une étoile
Qui ne se sépare pas de la nuit 

Quiconque a pénétré dans le ciel des ombres et des lumières extrêmes,
reconnaîtra en elle un amour perdu, un amour donné. 
 
La clarté lunaire est captation
Accueil de la haute étrangeté
D'une âme captive en ce monde 

Les fenêtres de la nuit sont comme ça, pleines d'odeurs fortes de la mer.
Et toujours, elles répandent un parfum d'étoiles, que les rêveurs de mers lointaines
aiment beaucoup sentir. 

C'est à ce moment précis que la puissance expressive de la mort capte au mieux,
en pulsions la couleur de la mer immobile. 

Un seul voyage, pour combien de temps encore ? Mais pour qui ?
Jusqu'à ce futur incertain où un être d'ailleurs, un frère de l'espace 
s'installera parmi l'herbe rare ou les déserts de sable noir ?

A cet instant du poème, un soleil de Tula apparait : le Toit-Terrasse

-- Projette-toi sur un point, quelque part au-delà de la nuée, dit le Serpent-Oiseau, qui jetait un regard circulaire sur les Pleiades.
-- Ferme les yeux, Topiltzin, ferme les yeux et tu auras les sables invisibles de la mer avant la mer. 
Une seconde plus tard, les formes de la nuit prirent d'autres dimensions. Elles s'étendaient au plus profond ou s'élevaient au plus haut de l'être. Un nouveau continent commençait à émerger dans la nuit atlantique. Sauvage et sublime. 
-- Tu as entendu ? La nuit nous revient cristalline, comme un refuge du sein maternel pour renaître différents.
Topiltzin avait perçu dans le ton de Quetzalcoatl une certaine nostalgie, qui parut le surprendre, comme si il s'était attendu à une autre attitude. 
-- Je sais Maître, que vous avez vu des êtres d'outre-espace peupler d'hommes le monde, par vagues successives. Peut-être, voudrez-vous m'informer des idées fausses, des contre-vérités dont vous vous plaignez et me donner quelques éclaircissements. 
Quetzalcoatl se retourna brusquement et dit : 
-- Des Dieux descendirent en effet sur terre et engendrèrent ce qui est encore caché, invisible, non manifesté aux yeux humains. Les Dieux ont leur propre lumière. Il n'ont plus le temps d'écouter et d'accompagner le cœur secret des hommes.
-- Que voulez-vous dire ? 
-- Je veux dire que les hommes ne sont pas encore nés dans leur grandeur, puisqu'ils ne savent pas embraser leurs îles, ni faire scintiller leurs étoiles. Ils ne pourront franchir les limites du temps et de l'espace, que lorsqu'ils seront capables de posséder la puissance énergétique de la Galaxie Mère.

Tandis que j'écarquille les yeux, le ventre de l'objet s'enfonce dans les flots du soleil et fait un plongeon dans les mers bleues de mon blog. Etranges soleils ! Un autre vient de s'éclairer de l'intérieur, mais il prend sa lumière d'ailleurs : immatériel, sans forme. Peut-être ne s'agit-il même pas de lumière, mais de fragments disparates de l'obscur arcane originel. 
De la tête, je fais signe qu'il est tout ce qu'il y a de nouveau devant moi. Car quelque chose dans mon être vient de s'éveiller. J'ai l'impression que l'esprit soleil se faufile entre une multitude d'univers et dessine sur la Voie Clarté quelque chose de si complètement inconnu et merveilleusement nouveau, qu'un seul souffle retenu peut rejoindre l'ultime lumière dans un autre premier commencement de l'humanité. 

 



J'aime l'éclat de l'étrange nature de la pierre du visage de Mars. Dès le début, des formes déroutantes perdues dans le vent invisible, descendirent sur cette planète. De leur ventre, le spectre d'une comète noire émergea sur des lieux innommés. Une plaque disparu, une autre lui succéda, une plaque semblable à la première, mais emplie d'une profonde lumière tourbillonnant en tous sens. Le feu divin originel étirait ses rayons, pareils à ceux des immenses fonds océaniques.  
Les vrais visages de Mars et de la Terre naissent, fuient, recommencent. Lentement, presque imperceptiblement, l'extrémité occidentale de leur continent originel s'est enfoncée et a formé les lieux fantastiques des îles.
D'abord, il y eut le vent des sables. Tout s'entremêla et s'entrouvrit jusqu'à la pointe de l'aube. Tout, le vent, les rivières, le ciel aux couleurs de mer, tout voulait amener la nature plus loin qu'elle ne pouvait aller. 
C'était l'instant de la Grande Migration. Les étoiles restées en attente se trouvaient dans une barque très étroite et longue, blotties les unes contre les autres dans le froid. Ensuite, le Royaume de l'étendue les prit entre ses doigts et il les regroupa dans les ciels jumeaux de Mars et de la Terre. 





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