Enfance est le nom d'un pays de la terre pure. Sa forme est celle d'une île-corps en harmonie avec les parallèles des vagues. C'est une île aussi qui a souvent quitté la mer pour courir le ciel dans un ailleurs.

Si le réel ne s'accomplissait plus dans l'imaginaire,
la mer ne serait plus qu'une répétition sans fin d'elle-même.

Les yeux à l'intérieur du cadre rêvent à de nouveaux chemins, mais il y aura toujours plus de regards vides. Tout se passe comme si l'eau était le regard de la terre que plus personne ne regarde. N'allez pas me demander pourquoi, je n'en sais rien ; peut-être que nous n'écoutons pas assez les rêves, peut-être que nous n'aimons plus les mots, peut-être aussi que nous ne pouvons plus faire machine arrière.

Le lieu, la vue humaine s'effacent dans la coulée du temps, mais l'expérience, l'épreuve de la liberté sont destinés à renaître dans une multitude d'univers, une multitude de solitudes. 

L'inconnu est la plus redoutable des peurs.

Le mur du secret ne m'empêchera pas de penser qu'une présence étrangère dans notre environnement est hautement probable.

La nuit se saisit de cette lumière intelligente et l'absorbe.

Les artistes peuvent traverser les immensités insondables.
Les scientifiques visent le ciel, mais sans y être pleinement arrivés. 

Je m'accorde à tenir pour réelle la présence de l'informe.
La non-forme s'installe là où le lieu d'émergence l'attend.

L'ombre commence et finit là où la lumière finit et commence.

L'ombre des arbres a partie liée avec le rêve de quelque chose d'autre qui s'ajoute aux éléments.

Une architecture de terrasses s'élance dans la direction de la profondeur et traverse en même temps la distance qui la sépare de la hauteur. 

Le mythe auroral s'installe où il peut.

L'espérance d'un dessein intelligent des étoiles n'est jamais que le début de l'ouverture à la rencontre.

Une fois encore, il s'est produit un divorce violent avec la spontanéité vitale d'une terre d'enfance. Les sociétés d'ordre choisissent toujours l'impersonnel, la limitation contre la libre spontanéité de l'Unique. Pour sortir de cette impasse, il faut écrire, inventer sur les murs de nos appartements. 

La longue trace de cette participation primitive échappe totalement à l'ordre rationnel du monde technologique. Il n'empêche que cette lumière espérée du phare est rattachée aux pouvoirs de la poésie, de l'irrationnel et des pulsions naturelles. Les formes de la lumière veulent s'unir et leur rapprochement produit un aspect d'infini matérialisé. 

Tout est encore à faire puisque rien de tout fait ne nous est donné.
La Terre n'est pas écrite et le mystère demeure entier.

La bouche ronde de la caverne ouvre et referme l'imaginaire primitif des profondeurs obscures. Les peintures et les gravures apparaissent, puis disparaissent sous la membrane rocheuse. Dans cet enchevêtrement de signes-dessins obscurs, l'artiste-prêtre recompose les éléments disjoints d'une nuit originelle. Il peint des bisons, des aurochs, des chevaux, des cerfs, des rennes, des ours et des lions. De longs traits de feu ravivent les impressions de mains rouges. C'est au cœur de ce rouge actif qu'il perçoit le mieux la cohésion retrouvée de l'humain et du divin. 

Le tracé des ombres joue à cache-cache.
Les formes, même les formes parlent !

J'aime cette parenté de l'homme initié de la grotte avec les pierres, les arbres, les animaux. 

Le signe effacé dans les déplacements de l'ombre emporte un morceau de l'âme de la terre. 






L'épopée de la forme se heurte à un univers indéchiffrable dans lequel la liberté intérieure est sans cesse piétinée par le monde environnant.

L'ombre bouge.
L'ombre de ce qui est se cache
dans l'ombre de ce qui paraît. 

Photographie
Tout a commencé il y a  moins d'une seconde

Temps mêlés. Est-ce un  train qui disparaît dans la nuit, ou bien une étoile qui disparaît dans le ciel ? 

La lumière ferme les yeux.
Le bleu s'est endormi dans le ciel.

Ce paysage se déplace au-delà de son rectangle de lumière.
Les apparences s'émeuvent de toutes les directions que prennent les apparitions.

Construire au plus près de l'incertain et du mouvant est certes un choix risqué, mais c'est aussi l'unique moyen de rendre le visible à son invisibilité. 

Les longues files de nuages caressent les contours du champ visuel, 
elles ne font que passer par-dessus les éclairs et migrent en permanence. 

Le jeu libre des formes, des sons et des couleurs crée un espace complètement inventé, dans lequel il n'y a plus lieu de chercher à établir des distinctions entre ce qui est interne et ce qui est externe, course descendante ou ascendante du mouvement, unité et multiplicité, etc.




L'envie me prend souvent de quitter le rouge de la ville qui absorbe et détruit pour le vert de la nature qui crée et accumule.

Les mondes visible et invisible interagissent dans une alchimie souvent méconnue.

Il existe d'autres mondes qui nous persuadent de les suivre.

Notre environnement rationalisé se trompe.
L'infinité de l'univers s'enroule autour de ce miracle terrestre. 
L'ailleurs déborde jusque dans l'ici.

De la première étoile venue à la dernière étoile partie,
vers quelle clarté, aquatique ou aérienne,
ce groupe d'oiseaux se précipite-t-il ?

Il faut toujours garder les yeux ouverts vers le ciel.

La musique est la vraie porte des étoile.

Ces points de lumière se sont ouverts comme des yeux et ils ont troué la surface nocturne. 

Ces paysages vivent les mêmes élans et les mêmes instants que nos visages. 

Je ne peux pas dire si c'est l'ombre qui dessine avec la lumière, ou l'inverse.
 
Cette lumière enveloppe une obscurité qui ne veut pas mourir.

Je vois d'abord l'image blonde d'un ciel pénétrable, transparent.
Puis je cligne les yeux, et je vois des branches drapées dans la brume. 

Le visage que j'aime dans ce nuage,
ce nuage l'aime peut-être aussi avec moi.

L'arbre tend les bras et le ciel lui offre tous ses nuages.

Un nuage peut se perdre dans le ciel.

Le ciel est une fenêtre d'artiste,
il se regarde peindre sur ce lac,
sa table de travail.

L'épaisseur informe des ombres est extensible à l'infini.

Le rapport interne/externe est ce qui donne à voir ou à imaginer l'ombre portée d'un autre monde.

Il y a des sculptures qui rêvent et il existe des statues qui peuvent nous voir.

Le bleu chemine dans l'intimité de son ciel.
 
Les ombres changeantes des arbres s'étendent sur l'eau. 

Le mouvement ascensionnel des formes s'est perdu dans les volutes de l'aurore.

Les rêves s'introduisent dans l'invisible par l'élément pur de l'enfance.

Les visions absentes, présentes ou rêvées
sont recensées à tous les endroits de l'espace.
L'aube ne peut les ôter de ses paupières.

Il est permis de penser que le monde du vivant surgit d'un point inconnaissable, impénétrable pour les yeux humains, et qu'il poursuit son voyage dans l'infinité des univers-îles.






Quand le silence de la nuit nous saisit, l'expérience de l'instant
ne nous sépare jamais des liens de l'esprit.

Dans les brumes du sommeil, un espace de merveilleux passe à travers la mort, et l'éternel est dit par l'idée de maternité spirituelle. C'est là quelque chose qui plonge ses racines dans un monde très fantasmatique, celui de la lointaine et noire poésie.

L'au-delà du sensible détermine le langage existentiel des formes.

L'étreinte de la brume s'empare des collines émergentes.

La sculpture vivante des arbres respire.

La voile tendue d'un arbre tout entier atteindra-t-elle jamais le chemin d'étoiles ? 

Tout est écriture.

L'homme participe de ce chemin et de cette marche des étoiles.

La splendeur des étoiles est un don. 

Les beaux yeux de la mer se remplissent de larmes.
 
le mot mère est dans le mot mer.

Il n'y a pas autant d'îles que d'étoiles.
Où se trouvent donc les îles manquantes de la mer ?

Le monde se crée secrètement.
Ce jardin de lumière baigne encore dans les eaux maternelles.

La mer est dans le ciel et je suis en grande soif de regards.
Le ciel est sur la mer et je m'enfonce dans les flots.

La vague suit la vague dans un éclair silencieux.
La pluie sur la mer reproduit le chant d'une étoile qui s'enlarme.

La chair et le souffle (l'île et l'étoile) s'appellent et se répondent.

Une île à l'envers se déplace dans le corps intérieur de la mer. 

Le temps vivant de l'arbre délivre ses souvenirs.
 
Quelques murmures de la nature
et un champ de blé offert au vent caressant. 

La voix claire du jour
suffit à l'émerveillement
des fleurs de cristal
sur la vitre du ciel.

Toute explication du monde arrête l'idée du monde.

Le sentiment de surprise repose très précisément sur un choix de l'inattendu contre le programmé. 

Quelque soit l'issue, la dimension d'intériorité  virevolte de l'éclat blanc et noir du soleil à la surface du ciel et de celle-ci au mouvement harmonieux des astres. C'est l'éternel concept trinitaire invoqué par tous les scripteurs-passeurs du village monde et de la maison terre. Et pour cause, il appartient en commun à un ciel-père, à une terre-mère, à une montagne-esprit dans le vent voyageur d'un corpus iconographique universel.

La vie est issue de la vie, elle-même issue de la vie, et ainsi de suite..

Les cinq zones observées dans l'or bleu des planètes et les trois commencements de ce rideau d'arbres se réfléchissent, se correspondent. Il s'agit de les maintenir dans l'espace visuel et de ne pas les laisser s'échapper. 

La musique de l'aube se regarde, elle voyage dans le ciel calme et doux.

Cette grappe bleue d'étoiles projette à la fois un espace de merveilleux
et un lieu de question sur le territoire de l'esprit.

Nous sommes en présence d'une planète errante, dans laquelle toutes les coexistences sont possibles, voire nécessaires. 

Qui sommes-nous, en vérité ? Est-ce qu'il y a d'autres ciels au-dessus ?

Le passage, la sortie, l'extase avec l'autre ou les autres : voilà l'idée.

Les religions ont si souvent répété que la vie s'épanouissait du dedans au dehors, qu'elle surgissait d'un centre, qu'il me paraît nécessaire de rappeler qu'il y eut durant le septième jour de vent, un arc-en-terre inversé : du rayonnement horizontal de l'expérience passagère au miracle d'un art des forêts vierges et, par conséquent, au point intérieur inconnaissable.

Le déroulement continu et logique des heures, des minutes, des secondes forge l'inquiétante étrangeté de l'ombre.

Les interactions invisibles souhaitées, imaginées, attendues comme une fulgurante intensité de la lumière, luttent de vitesse avec le sillage des navires.

Les lieux de vertige naissent de la rencontre
d'une idée d'espace et de ciel au contact d'une image de sable et de soleil.

Le sable fin de la première enfance apparaît comme un ressort essentiel
de la rencontre de la vie et du rêve.

Tout est dans les nuages, dans un seul nuage : celui qui voyage dans le vent, comme une musique de l'aube par l'intérieur.

Tout indique déjà que le seul moment d'éternité,
c'est ici qu'on en jouira car c'est ici qu'on le construira.

Si j'avais pu prendre avec mes yeux cette profondeur, je l'aurais fait pour la regarder monter librement le long des formes de la nuit, comme un enfant sortant de la matrice.

Les chemins de feu qui bordaient la mer ont pris une piste ascendante. C'est au sein de cette formation étoilée que les ors du feu se sont retrouvés pour naître de nouveau.

Est-il dans le rêve de Dieu ce carré de ciel pointant sur l'infini ? 
Dans une longue dérive jusqu'au bout de la nuit, tous les observateurs
traquent ses dernières traces de matérialité. 

Ce témoin perçoit l'image blanche de l'arche qui arrive, qui ne peut pas ne pas venir, qui peut-être est déjà venue pour tester la force qui émane de cette terre.  




Et si les mots n'étaient pas les mots ? La question a déjà été posée mais elle est éternelle. Personne ne semble les connaître. Leur voyage sur terre est mu par une force dont nous ne savons rien, lointaine mais concrète. Mais les rêves ? Ces profondeurs lumineuses et fraîches viennent d'où et de qui ? J'ai dans l'idée qu'ils ont, eux aussi, traversé les espaces intergalactiques. Ailleurs n'existe que dans le clair de la caverne imaginaire, croyez-vous, mais l'écrit restitue une apparence visuelle. Le monde réel dans lequel nous vivons se construit autour d'une goutte de sperme, mais la route qui monte de la plage se continue en travers de la voûte étoilée.

Peut-être est-ce le vert lumière qui dessine sur l'eau,
ou peut-être est-ce l'eau qui dessine sur le vert lumière. 

On peut tout enfermer dans une représentation finie, sauf ce ciel de nuit qui est l'expression d'un chant intérieur. Ce point devient plus clair, lorsqu'on constate que la nature n'est pas en surface mais en profondeur. 

Il se passe quelque chose cette nuit, mais quoi ?
Le noir se mue en clarté.

Qu'avons-nous dit de la disparition des enfants et de leurs chemins de liberté? Ils ne sont pas morts de leurs blessures, ils se sont inventés une autre identité sous les forêts désertes.

Quelque chose surveille le cortège des nuages, le face à face des arbres, l'essence de la feuille, l'ossature magique du mystère des couleurs, et même aussi mes yeux pleins d'ailleurs, pleins d'au-delà. 

Le premier temple au Dieu sans nom émergea du cœur d'un prince poète nommé Nezahualcoyotl et poursuivit sa progression bien au-delà de sa capitale Texcoco. Et nous voici à aujourd'hui, avec l'insupportable ennui qui nous taraude. Le regard fixé sur un ciel bas, nous attendons la suite. 

Le dogme de la révélation, pour quoi faire ? Nos consciences sont connectées entre elles et avec le reste de l'univers. L'univers réel, la noosphère ou univers des consciences est au plus près de notre arbre de pensées.

La plus belle des constellations est celle de l'esprit, où nous ne sommes pas encore allés.

Je sais qu'au bout de la route qui part de la terre, la surface du ciel est un placenta. 

Chaque aurore est inédite. C'est un regard de l'étoile comme nous n'en connaîtrons jamais d'autre.

Maintenant je sais que la mer et la terre sont de la même couleur, que l'odeur de mer se mêle à celle de la forêt, que le sable est rose comme l'aurore et qu'il fait bleu au plus profond, au plus secret. Tous les chemins de l'aube aboutissent à cet état fusionnel. 

L'intérieur d'une forêt transmet la lumière de l'aurore. 

Dans ce lieu étrange j'entends, je vois des instantanés sensibles.
Un n'est pas envisageable sans le Multiple.

Le vent a choisi ce flux lumineux pour traverser aventureusement l'épaisse couche nuageuse, où se reflète le soleil de l'humanité à des milliers de lieues de son sanctuaire.  

L'Ourse et Orion, les Pléiades et les Chambres du Sud sont une magie cosmique pour la part de poussière et la part de lumière de l'homme, exilé dans son corps, dans l'alternance des feux propulsifs du bonheur de vivre et de l'horreur de vivre. 







Fuir à l'aube vers un point déterminé. Est-il enfin arrivé le jour ! Ils se retrouvent enfin, les yeux et le cœur grands ouverts pour aller s'unir à la vie dans d'improbables chemins d'étoiles. Tout est prêt, même le cerf-volant déposé sur la plage. L'évasion est toujours lointaine mais ils n'hésitent pas. L'espace infini à plein cœur, ils courent d'un bout à l'autre de la plage entièrement nus, entièrement libres, entièrement beaux. Ils ont le ciel, tout le ciel pour inventer autre chose, pour parler leur voix. La couleur des barques amarrées est une complète délivrance. Ils peuvent désormais retourner dans le passage préalablement ouvert entre eux et le monde. On perd alors leur trace. 






Le monde nouménal s'est dissimulé sous l'apparence d'être, comme une île de lumière sous la surface de l'eau. Tout être baignant aujourd'hui dans un liquide nourricier navigue vers l'une de ces étranges lumières blanches et il ne se rappelle plus les précédents voyages.

Un rêve se réalise avant la naissance, avant le commencement. Le souvenir d'un monde sublime me revient confusément après ce long sommeil au fond de ma mémoire. D'où est-il ? Et quand est-il ? Quelque part dans mes actes et dans mes rêves, peut-être à travers toute mon expression, toute ma différence, je me suis baigné dans les eaux désertes de l'avant-naissance. 

Dehors, dans l'aujourd'hui quelque chose manque. Peut-être la part sacrée de chacun dans l'intimité du cosmos. Minuscule petite fratrie universelle, espace privilégié où il est possible de communiquer, de reprendre confiance de l'autre côté de nos frontières et de nos murs.

Derrière cette apparence d'être, il y a la trace d'autre chose. Le goût de l'infini est dans tout, même au-delà du réel. Le goût de l'infini est l'éveil, la présence, l'ouverture à l'être-au-monde-éternel. 





Comment s'appelle ce chagrin de l'aube sous la surface du soleil ? Et surtout, cet étrange plaisir que nous prenons tous à la nostalgie de l'être qui dedans vit, si bien imprégné d'ondes profondes. Nous cherchons instinctivement dans quel premier monde nous nous sommes déjà rencontrés. Or, nous n'avons pas occupés le même ventre, même si nous sommes devenus amis avec exactement les mêmes mots.

Les hommes de rêve sont hantés par une même idée obsédante : s'échapper de cette incommunicabilité répugnante, absolument antinomique de l'effort vers l'émotion d'une lumière ; retrouver l'île créatrice et libre, la caverne natale des enfants du soleil, une certaine relation entre les arbres aussi. Mais comment s'évader ? Il n'y a pas de route vers l'irrationnel et l'étrange, rien que la forêt, infranchissable, sauf par enchantement.

La délivrance dans l'évasion peut changer les images du monde à l'infini. J'en suis arrivé moi-même à chercher une échappatoire du monde réel. Sans connaître l'exacte distance entre l'origine et l'extrême, je n'en ai pas moins le sentiment d'avoir communiqué mon rêve. 




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