L'espace méditatif de la nuit apparait comme un ressors essentiel de l'imagination poétique. Des présences invisibles entourent cette multiplicité et cette diversité des formes de la nuit. Elles se nourrissent de temps effacés, entre lesquels elles s'arrêtent un moment pour glisser le blanc clinique de leur chambre dans l'ombre glauque d'où toute espérance semble bannie. Notre première approche échouée en marge de l'aube, approche chaque nuit un peu plus cette question angoissante. L'éternel se pose-t-il la question de l'éphémère, ou bien est-il uniquement permis à l'éphémère de se poser la question de l'éternel ? Qui a dit que nous étions tous consentants ? Fatalisme de la mort-mère donnée ? Dévotion à la mort-mère reçue comme une culpabilité secrète ? Je veux comprendre. Qu'on me comprenne ! L'enfant s'arrête soudain. Pourquoi ? Et contre quel obstacle ?

Les ondes propagatrices d'échos lointains se cognent sur les murs qui les enserrent.
Une forme intemporelle éternisée recouvre tout ce qui n'a pas trouvé sa place dans le réel.

Une image non structurée ressort tout particulièrement qui désigne cette blanche forme vénéneuse.
L'idée de l'indéterminé se place au cœur d'une déchirure qui a la dureté d'une fenêtre murée.  

Le bleu vire instantanément au noir et l'endroit est terriblement beau.

Le perceptible lumineux creuse le silence secret de l'ombre.
L'appel incertain de l'être s'agite à la surface vivante du corps. 

Les compagnons de la nuit partent seuls à la découverte
dans des chemins de pluie jusqu'à l'horizon nu
où ils se perdent dans l'ombre froide.

J'attends qu'une étoile s'interrompe et baisse son regard
vers ce rayonnement horizontal de l'expérience passagère.  

Rien ne se produit. Rien, sauf un espace de désordre pur.

Tout cela est intentionnel, en sorte que l'individu, revenant sur son acte de naissance, découvre qu'il serait donc là, l'acte institutionnel par lequel les enfants auraient droit à leur solitude et à leur mort.

Seule solution devant cette imposture : créer ou réinventer au bord des plages le rapport entre l'intimité et le cosmos. Ecrire, peindre ou sculpter le pays de nos fantasmes sur les murs de nos appartements. La naissance permanente, ça existe donc !






Les villes ne devraient être traversées que la nuit dans l'espace vierge et pur du désordre des libertés.

La parole des ombres secoue le corps ainsi qu'un électrochoc. 

D'elle, je ne sais rien. Pour quoi faire ? Le point d'inconnaissance est le point d'ancrage le plus sûr.

Je lui arracherai son secret. Je ne sais pas comment mais je sais quand : la flamme noire de l'écriture.

De la trajectoire du regard à l'abandon rapide vers ce moment de basculement des courbes libres ou captives.

Les fréquences croisées de la nuit multidimensionnelle ne peuvent de prime abord que surprendre les sans-musique.

Le temps peut bien s'écouler au tic tac de l'horloge, il ne fait qu'effleurer le noir et le nu qui subliment à la lumière. 

Je ne cesse de me demander comment les images écrasées de silence retrouvent les sourires de la chair.

La demeure du noir est pleine de lumière blanche. 

On ne sait jamais de quel côté le monde insolite des imaginations matérielles va apparaître. 

Nous ne sommes pas réellement nous-mêmes.
Nous ne sommes pas spontanément nous-mêmes.
Nous sommes les automates de ce monde mécanique.
C'est ainsi, je pense, que le diable doit regarder le monde.
Nous sommes devenus des abstractions. 

Une planète seule et perdue qu'un voile opaque recouvre.

L'eau noire de la nuit est un alcool utopique à l'attention des rôdeurs de l'infini. 



Il y a un tressaillement de l'infini dans tous les commencements.
Hormis la relation d'incertitude des arbres et des étoiles, nul ne sait ce qui sortira de ce carré de nuit.




La rumeur étouffée de l'eau se laisse glisser vers les profondeurs et ce sont les verticales du feu, étrangement lointaines, qui remontent de l'intérieur.

Plus loin, dans un repli de l'espace une présence de clarté vagabonde et prend plaisir à l'errance.

Les fiancés de la nuit tiennent la barre de guidage.

Les libertés marginales, multiples ne regardent jamais à droite, ni à gauche, ni en face, ni derrière. 

Il n'y a pas de but. Seulement les routes désertes de la mer.

C'est quand il fait noir, c'est quand il fait peur que le pavillon des frères de la côte nous confronte à son esthétique de la grande solitude libre.

Quel ordre ? L'ordre de qui ? L'ordre pour qui ? 

Les brumes lumineuses dans l'île affluent vers l'indéfectible altérité de ce ciel.

Je ne cherche pas l'ordre, je cherche la route et les rencontres.

Le souffle de la nuit  réveille l'immédiateté de l'être.




Le crépuscule du matin est le seul endroit où l'énergie première
des verticales de la lumière ait encore une issue, une utopie.



Les tendres liens des frémissements de l'aube éveillent, émeuvent l'âme en venant caresser le ciel. 

Ici commence le grand vertige des instantanés de ce monde.
La tentation est si grande que le désir de l'odeur produit l'odeur.

Quel est ce brusque sursaut transgressif vers lequel se tend l'expérience noire de l'instant sexe? 
C'est un goût éphémèrement étranger qui disparaîtra dans l'ombre peuplée de mains et de caresses. 

Les étoiles sont les précieuses gardiennes de l'anneau des confins du désir.

L'acheminement vers le rêve en de longs,
en d'infiniment longs regards éperdus,
dessine une poétique toute ronde,
toute blonde du corps et de l'image de l'autre
caressés par l'eau de la nuit dans des bleus or. 

Et si c'est bien là une chambre du feu qui porte l'extraordinaire,
son histoire est celle d'une fantastique course au soleil. 

Dans ce flux lumineux, le goût de l'infini nourrit toutes les étoiles qui ont jamais été ou seront.
Toutes en une même envie de se perdre et de se laisser emporter par des cascades luisantes de joies indicibles.

Où aller, où retourner sans cesse, sinon à ce jeu spontané des formes en liberté ?

Par-delà l'exaltation de ses épaules,
l'abandon de mes mains dans ses cheveux,
il y a une signification plus profonde que l'apparence. 

J' ignore tout d'elle,
sinon qu'elle retient le souffle de l'aurore,
invite au sommet des vagues
et jette un trait d'union
au-dessus de l'ombre violette des arbres
à un peuple d'étoiles. 

Le visible est le véhicule d'une autre réalité.




L'invisible qui se déverse dans le visible est un soleil intérieur qui éclairera tout.
Si l'on n'a pas vu ses préparatifs d'instantanés entre les branches, qu'a-t-on vu ? 

Les formes finies sont des formes arrêtées qui reflètent les ruptures du regard. Est-ce à dire que l'apparence est une fiction ? Si je regarde au ralenti, je n'instaure rien en moi-même.

L'objet matériel manifeste une intériorité. Il se dessine toujours à l'extérieur, mais un réseau invisible de fils l'emporte jusqu'aux confins de ses lointains intérieurs.

Sans la chambre intérieure de l'air, du sable, de l'eau la vie serait tristement déserte.
La mer ne voyagerait plus avec ses îles et le bleu pâle de ce clair de nuit ne rejoindrait aucun lieu. 

Ange passeur entre le ciel et la terre, le serpent ailé cherche un soleil, et, s'il cherche un peu plus loin, à peine, il trouve l'unique vrai territoire de sa vie : celui de la quête.  

L'aube qui s'allume devant moi a mis de nouvelles couleurs. Les unes cherchaient à entrer par effraction, tandis que les autres ont rencontré ce qu'elles n'attendaient pas.

Comment savoir jamais si l'on a compris un matin de pure lumière ? Je me demande pourquoi le ciel est une mer dans le vent et brusquement le vent la recouvre et elle touche le ciel.

Cherchons tout d'abord des images tracées sur le sable avant la première chaleur du jour. Le rêve roule dans le creux de la main, mais au centre de ce grain blond s'élève la courbe sacrée de la route de sable. 

La couleur des barques amarrées est restituée dans l'eau amniotique du matin. 

Cependant il est des îles enfouies à la surface qui ne savent pas encore comment elles affleureront.

Il n'y a pas que la couleur dans les yeux, il y a aussi l'esprit de l'enfant, sa rosée de lumière.

Que deviendraient les multiplicités sensibles, dont on a soudain pris conscience, sans le pays tout doux et tout chaud de notre imagination ?

Les sons-mots du monde se baignent à l'aube dans l'or argent de la lune.
Ils me mènent parfois où je n'aurais jamais consenti à aller. 

Je voulais des mots vivants comme le rouge des falaises devant moi, derrière et de chaque côté.
Un mot : île. Et j'écoutai le mot dissimulé derrière le mot, songeant : c'est ici que le ciel et la mer confondent leurs bleus.

Difficile de sortir de soi dans l'écriture pleine des traces d'une mémoire perdue. 

Chaque feuille de papier blanc n'est pas comme les autres.
Personne ne connaît l'instant furtif, éphémère de leur forêt. 



Les premiers instants de notre première rencontre ne tiennent qu'à un fil.

Ce qui me rend heureux dans la nuit, c'est qu'elle me rend ce que j'ai vu avant de devenir adulte, et d'ailleurs adulte de quoi et en qui ? 

Les fiancés de la nuit se sentent au cœur de la Voie Clarté, comme des jeunes frères d'infini, autour desquels tout est correspondance entre la mer, le ciel et la plage lumineuse, transcendante. 

Il s'agit de rapprocher l'extérieur de l'intérieur, afin de débusquer le lien invisible qui relie les deux côtés de ce monde. 

Il faut toujours se méfier de l'idéologie trompeuse de la séparation et de la division vers le haut et le bas. Le monde a soif d'un dialogue.

Ce monde n'attend pas de sauveur venu de l'extérieur. 
L'irrationnel merveilleux est connecté vers l'intérieur.

La nature parle. Elle est marquée de signes dans un inextricable fouillis d'imaginaires. On y voit les empreintes de la Vie Infinie.

Jusqu'où peut aller l'expérience de fusion dans l'infinité de l'univers ? Ce qui reste et ce qui s'inscrit en elle, dans la chair même du temps, c'est l'expérience de communication.

Les étoiles, les mondes vagabondent par milliards dans toute la Galaxie Mère.
Il n'y a plus de feu terrifiant caché profondément sous la Terre.
L'immense champ des possibles a quitté la mer pour courir le Ciel.

De la Maison des Hauteurs ont surgi des créatures planétaires d'une beauté inconnue. Du moment où ces visiteurs feront leur entrée dans ce monde, ils deviendront aussi vulnérables que les hommes de la Terre. 

Des lueurs volantes passaient devant nos yeux, faites de mouvement et non d'espace. Elles se sont enfuient à travers la blancheur de l'ombre, jusqu'aux confins de l'expérience multiforme de la lumière.

Toutes ces corrélations lointaines n'ont qu'à ouvrir l'aurore et le chant, et c'est l'éclat d'une étoile nouvelle. Une autre ensuite et une autre...

Ce monde est en partie de chair, en partie de lumière.
L'île ne peut exister sans l'étoile, ni l'étoile sans l'île.

L'île comme itinéraire de l'expérience de l'étoile. 

L'insolite et le nocturne émeuvent, attendrissent l'aspect inférieur, externe et pour tout dire immanent de la belle lumière tombée du haut astral. 

Dans l'effort des eaux de la nuit vers la lumière
dérive une île d'un bleu clair et pur comme le ciel.

La vie est un grand saut dans l'inconnu.
Le retour à l'émerveillement est accompli.

L'air silencieux observe et authentifie les verts mouillés de la rive.
Et chacun d'entre eux est fait en partie de matière extragalactique. 




Qu'il s'agisse du char spatial de Gilgamesh ou de celui du Seigneur de Palenke, le retour à l'émerveillement des yeux étoilés est accompli.



Un merveilleux d'imagination  nous porte irrépressiblement jusqu'à la hauteur de l'Etoile Mère.


L'immanence divine a placé notre temple sous les arbres et sous les étoiles, et nous avons dessiné nos désirs, nos espérances d'un nouvel espace de pensée, recréant sans aucune loi, le lieu de toutes les vibrations a-temporelles.


Ici commence une forêt de bras pour rattraper l'aube violette et nue.





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