Il existe une autre modalité de la réalité au-delà du visible, du compréhensible.

L'infini est ici : le plus petit renvoie à ce qui est le plus grand.

Toucher l'indicible, c'est réveiller des poussières d'étoiles.

D'un saut, je franchis la haie de l'inconnu et, comme un îlote, un îlien, je me glisse entre le noir et blanc et la couleur dans un moment très extraordinaire comme la cellule matricielle.

Et si les mots n'étaient pas les mots ? Personne ne semble les connaître. Leur voyage sur terre est mu par une force dont nous ne savons rien, lointaine mais concrète.

La planète Terre nous enlace et nous serre contre elle, jusqu'au moment où notre berceau à son tour, sentira l'emprise de ce que nous avons toujours appelé le Cosmos.

Il faut être très loin, ailleurs, pour sentir que rien n'est loin, que le loin n'existe pas.

Il en est de ce monde comme de l'autre, ils baignent dans le même liquide nourricier.

Si ce qui a existé est amené à se reproduire, le rêve d'un retour aux origines et d'une existence nouvelle deviendra réalité.

Lentement, de manière presque imperceptible, les possibilités de l'existence disparaissent et renaissent sans cesse, dans un mouvement circulaire de la forme primordiale et universelle de la Terre.

Il existe plusieurs chemins de retour à la matrice et à la substance essentielle. Mais il n'existe qu'une seule image spirituelle pure, présente à l'état de trace, dans le bonheur humain de découvrir le confluent amoureux des grands mystères de ce monde.

Les possibilités de questions ensoleillent la pluralité du vivant.

Les rivières voient dans le ciel des planètes mortes qui renaissent à une nouvelle vie.

Nous ne savons pas ce que disent à la terre les regards de l'étoile.
La source de cette tension vers le ciel est inconnue.

Le vert des feuilles change sur une vectrice horizontale avec les yeux qui le regardent.

Il y a des paysages qui s'effacent pour ne demeurer que par l'esprit de poésie, et des chemins de pluie qui partent seuls à la découverte jusqu'à l'horizon nu. Il y a aussi des étoiles qui pleurent en se jetant dans l'aube.

L'esprit des nuages continue de rouler vers une musique très douce et lointaine.

Dans les hautes vagues d'Algorab ou d'Aphard, le feu qui vient d'être allumé éclaire le regard de l'errante d'Antia, d'Ariès ou d'ailleurs.

La couleur bleue de la Voie Clarté, de la Mer et du Cosmos nous imbibe et nous pénètre.




La lumière est présente dans le noir
Et le noir sublime à la lumière
Pour la voir, la toucher, l'entendre, la sentir et la goûter
Le noir, c'est l'idée qui a déclenché tout l'amour d'elle



Un visage de l'autre monde apparaît au bas des paupières de l'aube.

Le vent écoute en lui-même frissonner des ombres.

Il suffit d'un bruit d'aile pour délivrer une étoile prise dans une branche.

Un coup d'aile d'oiseau dans le jeu merveilleux des lignes ocrées de brume
a toujours de quoi s'enfuir dans la chambre intérieure de l'air.

Ce que je vois ici est captation, accueil de la haute étrangeté de l'air, du sable, de l'eau.

Le voyage immobile de la clarté lunaire a ses lointains intérieurs. 

La clarté lunaire, c'est ce qui nous lie à la possibilité de l'extraordinaire et à l'expérience la plus souterraine, la plus solitaire.

Le long de la rivière aux verts tendres,
la sculpture vivante des arbres respire. 

Si seulement j'avais retrouvé l'or argent de la lune sur les reflets de l'eau. 

Il nous faut traverser des ponts de brume, franchir les portes de lumière. Je crois que les temps sont mêlés et que les espaces annonciateurs de l'aube reposent sur l'incertain et le mouvant.

Chaque être a son type d'amour et sa justification. L'homme n'est pas le seul être à surgir dans le sensible et à accéder au visible. L'être divin se manifeste dans l'ensemble des langages intérieurs de la nature. Chaque forme de vie est vraie par elle-même et chaque être est essentiel aux autres. En ce sens, l'arbre n'a pas la même vérité de Dieu que l'homme, car l'arbre fait exister à sa façon une nouvelle vision divine conforme à l'être arbre. 



Les formes de la lumière se donnent à voir
en se déployant dans l'espace et le temps finis.
C'est ainsi que se met en place l'objet limité. 

Est-ce l'éloignement de son origine qui a conduit l'Univers des univers à produire la Matière ? Comment ce regard d'étoile enveloppant s'est-il perdu dans le grand invisible noir ? 

La Lune a souffert comme peu d'astres ont souffert.
Les météorites qui sillonnent l'espace l'ont voulu ainsi.

La venue à l'être, c'est ce qu'on nomme. Ce ne sont pas non plus n'importe quels mots : ils viennent de dessous le point d'origine qu'on trace à la craie blanche sur le mur peint en blanc.

Les merveilleuses traces de vol explorent dans les grands courants d'étoiles d'autres univers vibratoires.

La civilisation humaine est un être particulier dans un océan d'étoiles très compliqué et très complexe. Comment savoir jamais si l'on a perçu les feux intérieurs des formes invraisemblables de la nuit ? 

Les jardins arrosés du monde végétal transportent leur propre monde intermédiaire bien au-delà de nos yeux corporels, vers la pré-connaissance de l'architecture de l'espace impalpable. 












Le territoire de l'esprit n'est pas localisé dans les nuages ni dans les cieux, il se trouve dans nos cœurs et il n'est pas arrêté par la mort.

Je regarde en silence le long miroir éclairé de l'eau dans les profondeurs si totalement et merveilleusement maculé d'aurores blanches.

Chaque être dérive et naît de la vie. Nous vivons aujourd'hui et nous revivrons. Sous de multiples formes, nous reviendrons.







Dans les ondes lumineuses de l'œil de la nuit dérive une île d'un bleu clair comme le ciel. 

Le sable neuf de la plage est attentif à la courbe nouvelle de la vague.

Des vols d'instants cerclent le miroitement des reflets, afin que les étoiles s'en souviennent.





Dans les brumes du rêve
Dans un essaim de météorites
Dans la chevelure de la mer
Dans l'ombre secrète de la lumière
Dans le flux lumineux des images de la nuit
Dans l'étreinte amoureuse des arbres
Dans le passage d'un corps à l'autre
Dans la douceur des larmes
Dans l'obscure plage d'elle
Dans l'éclair silencieux de ses yeux
Dans le calme des épaules
Dans l'alcool de la chair
Dans une avalanche d'images
Dans l'ombre brûlante de son cou
Dans le refuge permanent de ses bras
Dans la libération païenne de la vie
Dans la profondeur lumineuse et fraîche de ses caresses
L'être de la femme est partout






Les enfances de l'homme ont dessiné des paysages métaphysiques au centre du cosmos. Que pouvaient désirer ces nomades du temps du rêve, et pourquoi ? Beaucoup plus tard, on s'est interrogé  longuement sur la signification d'un pareil retour au pays d'où l'on ne revient. Quand les fenêtres de la nuit éclosent et que les rêves trouvent à s'incarner, il arrive que les voix perdues retournent effectivement vers le lieu de leur naissance, vers le lieu de leur prénom de clarté. 

Un ou des commencements ? Un seul berceau ou plusieurs points ?

Ce qui se déroule devant nos yeux est modelé par les ombres profondes de nos rêves.

Tout ce que je connais, je l'ai rapporté d'un clair de nuit ou d'une pâle aurore.
Car il n'est qu'un lieu où tout arrive, c'est la clarté imprécise, secrète, imprévisible.

J'aime imaginer quelque chose de complètement différent, aux confins de l'expérience multiforme de la lumière. Ce n'est pas l'objet fixe et reconnaissable qui m'intéresse, mais le flux permanent des formes de la lumière en liberté.




Debout devant les étranges constellations, les hommes des premiers temps de la terre s'interrogeaient sur les royaumes du vent et leur regard était pris au piège de la vitesse. 

De l'autre côté du ciel, les associations brillantes se poursuivaient entre elles.
Les pluies de lune étaient plus nombreuses que ce qui était visible. 

Trente mille ans nous séparent de l'homme céleste de Lascaux.
Personne ne connaît la couleur que faisait cette main ouverte sur l'indicible.

Une couleur est entrée, une couleur est sortie.
L'aventure est tout autant intérieure qu'extérieure.

C'est pourquoi je dis qu'il faut être capable de quelque chose qui n'a pas encore de mot. Nous ne sommes que par le lieu intérieur du regard et avec le lieu intérieur du regard.




Les mots de la sculpture ont un espace, un lieu et un territoire propres. Ils appartiennent à un état d'esprit et à une forme d'initiation. Une sculpture est toujours un message, un appel, une tentative. Sculpter c'est chercher les signes, afin de pouvoir déchiffrer les mystérieux rapports de l'homme et de l'univers. C'est aussi une attitude intérieure, une direction dans une communion étroite avec la nature. C'est aller à la rencontre d'un imaginaire qui va se concrétiser. 

Ce qui caractérise plus particulièrement l'expérience de la forme, c'est d'être une exigence de retour à un état d'esprit "primitif", au nom de quoi peuvent être jetées les bases d'un nouveau langage, défini en fonction de ce sentiment de foi en la nature, qui transfigure le monde.





Il ne faut pas rompre le splendide isolement des dieux prisonniers de leur vallée de jungle.





Il y a des îles qui ne savent pas encore que leurs étoiles ont mis en elles de la lumière.

L'image plate d'un monde sans l'autre s'inscrit passivement dans l'espace. Elle est comme la grande solitude d'une mer sans oiseaux dont le grand corps n'existe plus aux yeux des autres. 

Les mers devraient toujours garder les yeux ouverts sur les cent autres couleurs du bleu.

Où sont les ciels de mai et les ruisseaux limpides qu'il faut aimer ?

La lumière d'un lampadaire est hantée par les éclairs lointains cachés dans les nuages. 

L'au-delà est pris en flagrant délit
L'au-delà n'a pas de chair
L'au-delà n'a pas d'existence

D'où vient la grande ombre de la lumière ?
La chaleur de la peau, elle, très vite, prend le large.

Quelle est cette inquiétante étrangeté de l'autre quand on l'embrasse ?

Le monde est à tous les yeux
Qui le cherchent dans la nuit

Par-delà le mugissement du vent
Les bras de la forêt retiennent l'étoile de l'aube

Obtenir un bleu nuit est un graal, c'est comme un grand voyage intérieur.

Le lieu intime est le lieu de tous les vertiges.
L'espace proche est l'espace de toutes les ascensions.

Surtout ne pas assassiner les rêves des enfants.
Le mystère de chacun dépend de sa naissance. 














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