Dans l'état de rêve, il n'y a pas la nuit et puis le jour
Il n'y a qu'un minuscule point de vive lumière noire
Par-delà toutes les distances gravées en jour, nuit, jour

On regarde le regard et le rêve d'une étoile
Peut-être pour recevoir quelque chose
Un retour à l'intérieur de soi-même
Vers quoi allais-je ?
Les cris de l'espace se perdent
Qu'est-ce qu'un paysage
S'il n'est qu'un regard
Une aube sans paupières et non un être ?
Il y a une joie des profondeurs perdue
Quand la lumière remue les ombres du rideau

Il y a des présences inconnues
Toutes surprises de connaître
Des destinations nouvelles
Le souffle de la nuit
Emplit l'ombre claire
De ces formes rêvées
Tout ce que je connais
De ce ruissellement des formes
Je l'ai rapporté d'un clair de nuit
Ou d'une pâle aurore

Ce sont comme des yeux de lumière
Qui emplissent l'espace de la nuit
Jamais l'une sans l'autre
Ombre et lumière se répondent



La nuit n'a pas de pays
La nuit est une pensée

L'erreur consiste à croire qu'il fait peur la nuit
C'est quand il fait noir, qu'il faut boire la lumière qui s'est posée sur nous
L'obscurité est lumineuse !

Quiconque s'est aventuré dans de longs couloirs obscurs et humides
Aimera le vent froid et silencieux plus que le désir d'un magnifique soleil

L'éclat furtif des portes de la nuit
Renouvelle son approche de ce beau secret
Il y a un cri perdu de la lumière
Dans les ombres noires inhabitées

La nuit s'attache interminablement à nous
C'est elle qui rassemble
Les morceaux d'invisible éparpillés
Parmi tant de déchirures de nuages
Et lentement, infiniment lentement
Une ronde des lunes
Fait voyager son bleu pâle
D'un clair de nuit à l'autre

La nuit est faite d'éclats de son et de lumière
Elle semble remettre ses formes dans celles du petit jour

Pour aboutir à une forme claire
Il me faut d'abord rendre à la lumière
Le noir et le nu de ses cris

Entre l'opacité et la transparence
Il y a l'état de non-manifestation
Je ne désire que la clarté diffuse
Dans la trajectoire réelle de l'ombre
Les nuits aussi ont leur barque blanche
Pleine de vent clair

Il y a des lumières qui pleurent
En se jetant dans l'inquiétude
Et le merveilleux des miroirs

Ce n'est pas parce qu'une lumière est triste
Qu'il ne faut pas s'émerveiller de cette lumière
Dans cette étreinte de la nuit froide et claire
Le monde ne s'arrête pas au corps matériel
C'est de cette lutte avec la matière et la temporalité
Que naissent ses plages lointaines
Lumineusement obscures comme des secrets

Est-il dans le rêve de Dieu
Ce carré de ciel qui pointe sur l'infini ?
La limite incertaine des profondes nuits
Nous relie à la course effrénée des étoiles

Le chant lumineux appartient
Au rituel nocturne de la rivière
Toujours, toujours
Il naît de la rencontre
De la chaleur de l'étoile mère
Au contact de l'onde glacée

Je vis dans ce clair de la caverne imaginaire qui est en moi.
Il n'y a là encore qu'une sorte de mélancolie, inspirée sans doute par l'automne.
L'île dans l'île jetée ? Perdue ? 
La forme que je lui donne correspond à des traces, à ma mémoire, à l'absence.
La chercher, elle est désir !
Mon désir à moi, qui suis plus âgé. 
La rosée de l'aube court sur la coque de cette épave de navire naufragé. 





La liberté des idées est noire comme le centre de la lumière et elle est l'autre ressource.

Tout ce qui est désordre et harmonie est nôtre dans le regard de l'anarchiste. L'ordre en place, le pouvoir ne sont pas de ce monde. Nous ne reconnaissons que l'obscurité lumineuse où l'on invente, où l'on découvre, où l'on rencontre. En un mot, où l'on vit l'anarchie. 

Les seuls êtres vivants de la nuit ont du sperme sur le visage, dans la bouche.
Tu t'en vas chrétien, tu t'en vas ? 

L'eau noire de la nuit est un alcool utopique
A l'attention des rôdeurs de l'infini
Les fiancés de la nuit tiennent la barre de guidage
Ces points de lumière se sont ouverts comme des yeux
Et ils ont troué la surface nocturne

La nuit verra le jour
Le bleu éclaire la nuit
Il existe un petit point brillant
Dans les préparatifs de la couleur noire
A partir duquel s'en-bleuissent les longues nuits

L'eau noire de la nuit
Exprime au mieux, en pulsions
Les images écrasées de silence



Les arbres parlent dans la nuit fraîche des langues inconnues
Ils parlent aux étoiles dans un langage qui reste à découvrir
La pensée de la source, de toutes les sources s'enroule à leurs rêveries

D'entre toutes les formes de la nuit
Le vent qui coule entre les arbres
Est un infini de mystère

Il se passe quelque chose cette nuit, mais quoi ?
Les fréquences croisées de la nuit multidimensionnelle
Ne peuvent de prime abord que surprendre les Sans-Musique

Le plus obscur de la nuit, on y entre souvent
Comme pour une rencontre avec l'inimaginable
Le vent écoute en lui-même frissonner des ombres
C'est là-bas, dans les sables mouvants de la nuit
Que se manifestent des présences surprenantes

Nous avons poursuivi notre fuite
Dans des averses de lumière
Loin, toujours plus loin
Nous avons poursuivi notre fuite
Dans des chemins d'étoiles

Au plus haut de ce paysage inattendu
Il y a des pierres remplies de silence
Qui portent vers la Voie Clarté

Les arbres courent sur les berges
Plus je les regarde, plus leurs ombres
Me semblent lointaines et incertaines

Il faut faire l'ascension du poème
Pour se rapprocher du corps parlant de l'arbre

La sculpture des arbres respire
Et fait naître la respiration poésie
Il manque des arbres à la place des murs
Pour ouvrir le domaine de la nuit

Est-ce la jonction de plusieurs univers de visions lumineuses ? La question est de savoir si le feu des régions inférieures de la terre peut rencontrer celui des galaxies de lumière. Le point flamboyant, que les cellules mémorisées d'un arbre veulent exprimer, est une mue évolutive de la Terre dans d'autres mondes.

Les villes où nous étions de passage
S'enivraient de marchandises et de spectacles
Et la lumière multicolore pleurait
Comme une lumière jamais n'avait pleuré

Les villes ne devraient être traversées que la nuit
Dans l'espace vierge et pur du désordre des libertés
Leurs lumières enveloppent une obscurité
Qui ne veut pas mourir

Tandis que la lumière frappe les murs, le noir se mue en clarté. 
La parole des ombres secoue les corps ainsi qu'un électrochoc.
C'est dans cette ombre qui se projette sur les passants que se situe le centre de leur être.



Le mot île est un tout autre mot qu'à l'extérieur
Quand on l'écrit avec les yeux du cœur
Comme une couleur venue de l'étoile
De la précipitation de la lumière à l'intérieur d'un sourire
Naissent des caresses qui n'ont jamais été formulées

Une île et une étoile
Sont présentes l'une à l'autre
En s'unissant dans la mer
Très complices, elles ne laissent au ciel
Aucune possibilité d'initiative

La mer est un voyage
Et le voyage est toujours musique
Dans une nuit céleste
Plus douce qu'un vent vierge
Il détache les liens des captives

La plage fait courir les sables invisibles
La mer matricielle agite ses souffles
La vitesse absorbe la trace d'un pied nu qui s'élance

L'air libre de la nuit se perd à chaque instant dans la chevelure de la mer
Il n'y a pas autant d'îles que d'étoiles
Où se trouvent donc les îles manquantes de la mer ?

Le jour se lève sur la forêt
L'étoile formée par ma main caresse le ciel
Je n'ai pas de nom
Je suis venu juste pour entendre, voir, regarder

Tous les chemins de l'aube
Aboutissent à cet état fusionnel
Dans un même souffle de l'aurore

C'est précisément ce qu'avait imaginé
Dans l'air opale la ronde des nuages

La grande ombre verte de la forêt
Recèle le secret des chemins nomades
Qui est ouvertement révélé
Comme étant l'apparence visible de l'invisibilité

Un trouble vertigineux étonnement tendre
Et doux comme le visage de la femme
Irrigue les images et les imaginaires
De mon nid solitaire une heure avant l'aube

Une lumière pure et fluide
Enveloppe avec tendresse
Les paupières mouillées de l'aube
Offertes aux lèvres douces
Et aux regards clairs





Le mot mère m'attire vers la mer.
Dans ses yeux sont tous les mondes de tous les univers.
Il est des nuits, pourtant, où ses beaux yeux s'emplissent de larmes.



L'enfant, beaucoup plus libre d'imagination, active les images et symboles de ce monde par-delà l'étendue de notre champ filmographique.

L'eau est le premier regard de la terre vers le ciel
Le ciel est une circulation infinie de regards vers la terre 

Le sable des mots est incroyablement doux, quelques instants avant un soleil intérieur qui ne s'éteint jamais, même si nous sommes impliqués parce que nous allons mourir.

La frontière de la peur impose au corps douloureux ses lambeaux d'éclats enfantins
La mort, dans ce trouble de l'âme, renvoie ici à la tristesse ouverte de la terre maternelle

L'étreinte de la brume s'empare des collines émergentes
Des larmes gonflent les yeux bleus de l'aube
Les nuages roulent à travers tout ce degré d'absolu
Et dans tout le ciel l'eau de pluie pleure
Les odeurs d'eaux pâles dans le souffle du matin
Sont absorbées dans leur propre silence
Le jour qui se lève est par essence
L'expression désenchantée de la nuit

Il y a une joie des profondeurs perdue
Quand la lumière remue les ombres du rideau
Je me rapproche tout contre la vitre
Pose ma joue contre cette lumière de cristal
Et ferme les yeux pour mieux me remémorer
Ma rencontre avec l'inconnue au beau langage
Qui me souriait sur une île au milieu d'un grand lac
Voici des étoiles presque fleurs sur la vitre du ciel
Les murmures de la nature s'envolent dans un brouillard vaporeux

Quand pointe l'aube
Les cris de l'espace se perdent
Mais la voix claire du jour suffit à l'émerveillement
Tout est musique et résonances du ciel et de la terre
Créer c'est créer l'être, c'est retourner dans le passage
Préalablement ouvert entre soi et la claire lumière
De l'antériorité du monde

La rencontre sur une plage de la mer et de la terre ramène au lieu originel où éclosent les mots. Une fois encore, je m'embarque clandestinement. Le feu au ventre et les mains serrées sur mes provisions de route. Des mots couchés sur la mer ou filant parmi les vagues étincellent sur la crête blanche des images. Mais le temps n'est plus qu'un nid de sublime désespérance. Il ne reste plus que lui, le regret. La grande ombre très mobile de la lumière sur la mer s'attache à la solitude des terres nomades. Et c'est pour avoir oublié la figure maternelle et féminine, ce grand point de lumière qui résiste aux couchants, que l'incertitude des profondeurs de l'espace, l'indécision des profondes nuits se sont vouées au néant. 

Tout commence par une longue errance dans la nuit des mots.

Derrière les mots, il y a des mots
Qui traversent la nuit
Et atteignent l'aube
Avant d'aborder une île déserte
Présente à l'état de trace
Sur le sol de sable
On aperçoit toujours à fleur de jaune
Le poème qui n'est pas encore écrit

Les mots sont des êtres vivants qui se promènent partout dans l'espace, et ils sont de tous les lieux.

Il n'est qu'un lieu
Où tout se regarde
Et où tout s'écoute
C'est la première forme imprévisible du matin
Mais c'est là aussi qu'elle s'en sépare
Il y a en chacun de nous l'éclat
Et le rayonnement de quelque chose
Qui est au-delà de nous
Les destinées tourmentées des étoiles
submergent au cœur même du chaos
La fragile beauté des nuits dans le monde
La lumière se cache dans le noir
Puisse-t-elle nous donner son propre corps
Dans lequel nous voulons être avec elle
Comme dans une arche d'alliance












Des destinations nouvelles existent dans l'espace intérieur des mots.

Nous sommes tombés dans cette planète inconnue qui dissimulait mal sa lumière complice. 
Obstinément, nous poursuivions seuls, en notre prison d'esprit, nos chemins hasardeux et confus...
Comme s'il eut fallut passer par toutes les solitudes apatrides, par toutes les rencontres troubles pour qu'il ne restât plus qu'elle, la Mère primordiale.

 A cet instant du rêve, un soleil apparut : le Toit-Terrasse. Et c'est alors que Xiuhtlamin, celui qui flèche le feu, eût l'idée de viser l'Œil de la réception lumineuse.

Il est dit dans les chants d'une lointaine Amérique Indienne, que l'être du ciel s'arrondit avec amour autour de la Main de Vie. Je considère la Voie Lactée d'abord comme véhicule d'un message, et je la veux d'abord nomade. 

Nous habitons une planète errante. Ce lieu de passage de l'existence réflexive est un lieu de question. Et il est le premier maillon d'une grande chaîne de fraternité. L'attente d'une lumière, d'une chance peut tout exprimer.

La beauté de l'amour est simple et ne change pas.
La lumière complice fait surgir une chambre de l'eau claire et profonde.
Ce sont les lèvres que nous aimons, celles de l'éveil païen, les lèvres de l'intérieur, magiques.
Mieux : la lumière de ce qui devint chair.
Ce sont les lèvres du ventre ouvertes. 







Le visage que j'aime dans ce nuage est un corps étranger dans la trajectoire de mon regard. 
Il relève, je crois, d'une autre émotion humide de la chair, et d'une autre écoute de l'eau endormie.

Nos corps sont emmurés
L'inconnu s'abîme en nous
On se croit loin du point invisible
La vie jaillit pourtant de la cellule initiale
Elle ne quitte jamais sa maison
Tout ici est dans le corps intérieur
Je l'entends encore, c'est une île à l'envers
Qui se déplace à l'intérieur de la mer

Derrière cette apparence d'être, il y a la trace d'autre chose
La forêt est une découverte émerveillée comme la mer
Mais il s'agit d'un monde beaucoup plus inattendu
Toujours serré dans un mélange intime de bleu et de vert
Il ne faut pas comprendre tout de suite, il faut attendre
Et d'abord, ressentir l'au-dedans


Elles ont longtemps rêvé en secret, dans la solitude créatrice de l'enfance,
au mouvement ascensionnel de cette communion qui soulève l'être vers le don de l'amour.
Elles donnent la vie et les émotions de nos enfants dont il nous faut bien apprendre le langage.



Qu'il fait chaud dans l'infini bleu de ces grottes les plus reculées.
Tout ce qu'elles m'ont transmis me confirme dans le sentiment que j'avais
Dans le doux matin elles écartent l'effroi d'un soleil noir maléfique.




L'eau des yeux est un éclat de soleil
Lorsque s'embrasent chairs unies et sexes liés
L'eau des yeux est le grand point

Le lieu intime est le lieu de tous les vertiges.
L'espace proche est l'espace de toutes les ascensions.

Le parcours dans l'homme est fait d'instants et d'espaces.
C'est le corps intérieur qui invente sa relation d'amour, sa manière d'être relié.

Ce que je sais est ceci : s'il y a d'un côté les lettres noires et de l'autre, seulement des lettres blanches ; 
il n'y a qu'un seul halo rougeoyant comme le feu des îles : celui qui préexiste aux mers bleues de ma page blanche.

Sur le sable, la trace d'un pied nu. La vague suit la vague comme un éclair silencieux.
Les mains, le rire, le visage reviennent de toutes les mers atlantéennes du fond de l'espace. 

Il n'y a pas que la couleur dans les yeux. Il y a aussi l'esprit de l'enfant et la rosée de lumière. 

Des oiseaux de papier font une échappée en enfance douce et libre vers les galaxies que j'imagine.

les yeux pirates d'un chat tigré blond roux observent mes nocturnes
Ils sont la sève de l'ombre pleine des sources disparues de l'ancienne forêt
Où nous nous étions rencontrés parmi les arbres bleus

L'île n'est île qu'à travers sa capacité à transmettre le cheminement spirituel de la lumière.






On naît dans une ambivalence à l'égard de ce récit du monde, quelque part entre les exils, les fuites, la peur des coups, et surtout l'irrésistible envie de ne pas subir l'ordre en place, étranger et haï.

Nous marchons contre le même schéma rabâché : argent, hiérarchie, travail, compétition, propriété, autorité, violence. Il n'y a presque plus de chemins buissonniers dans lesquels se croisent des lieux qui s'inventent.




Toutes les insurrections poétiques vers le haut, vers la lumière ont lieu la nuit
L'insurrection poétique tient dans ce goût des rencontres improbables
Que regarde cette fenêtre de pierre dans la nuit tombante ?
L'éclairage de la rue emporte une lueur noire
Il y a des lointains intérieurs qui voyagent par erreur dans l'espace étoilé
ils ont percé et franchi la membrane fœtale sans savoir que tout est lié, interconnecté
.

Mon goût de la déambulation nocturne s'est poursuivi dans toutes ces villes mystérieuses, où il n'était pas difficile de discerner un clair de terre dans toute cette nudité de la nuit propice aux rêves, aux imaginaires et à la créativité.









La vie en société suppose un contrat. Il me semble important que ce contrat vienne du peuple, par le peuple, pour le peuple. 

Ici, on alterne le bonheur de vivre et l'horreur de vivre. que faisons-nous ici ? Et comment en sortir ?
La liberté implique de vivre cette valeur de matrice qui se nomme Anarchie. Qu'on prenne ce qu'il faut d'amour pour reprendre la rame. Une énorme dose de soleil, ou d'ombre blanche et d'éclat. J'aime la blancheur de l'ombre des nouveaux départs. 

La liberté, pour exister, doit être libre d'imagination. Pourquoi cet espoir né dans l'enfance n'aboutit jamais ? Pourquoi ? Parce que toute explication du monde arrête le chemin de l'idée de ce monde. Les terres ancrées que nous observons et identifions sont pratiquement toujours des lieux auxquels nos gouvernants ont donné plein de réponses. Quelles réponses ? Les réponses de qui ? Les réponses pour qui ? Il nous faut prendre conscience de la distance entre ce monde et nous, qui ne sommes que passants.

Seule issue possible, l'intrusion du rêve dans le quotidien.
La rencontre avec la poésie est un voyage bleu nuit vers ces régions naufragées.

Au pays de la poésie, il pleut avant l'aurore des mots éperdus.
Désespérément, ils nous font des signes.
Mais nous sommes séparés par toute la longueur du ciel.
Nous ne savons rien de leur respiration, de leur couleur dans les cosmos.
Ce sentiment de l'exil glisse dans la peau du monde
et verse son noir dans les feux très secrets qu'il irradie.

L'utopie, le lieu idéal est certes indéfinissable. L'île d'utopie est un point d'inconnaissance, dont on ne sait pas ce qui va en sortir. C'est ainsi qu'apparaît la fronde humaine en tant qu'école du contre-désespoir. Un presque moment de partage porté par le bref été de l'anarchie.

L'anarchie n'est pas une barque tranquille. L'anarchie est capable de rompre les contraintes et de se projeter au-delà des mouvements de la foule. Car elle est un feu noir éblouissant constamment au-delà de toutes les apparences qu'il prend.


L'homme anarchiste ne se cache pas de vouloir être "un en-dehors" pour la singularité d'un regard de l'étoile, la possibilité pour ce petit point vivant de s'exprimer et de signifier l'universel. Il y a une grotte initiatique incrustée en chacun d'entre nous et cette grotte est l'être-au-monde-éternel. 





Les paroles de révolte font des révolutions. Les paroles d'amour font de l'innocence. Les paroles d'amour font de la lumière. Et l'anarchie se révèle être, parmi les soulèvements spontanés, l'élément constant de l'expression de la libération et, par conséquent, de l'amour.

L'homme anarchiste marche dans le ressenti humain, pas dans le dogme ordonné dans un vaste contexte politicien. Certes, il y a l'ordre et la raison, mais il y a aussi des hommes de la liberté, qui parcourent le monde "avec l'amour au poing", comme le dit si bien Léo Ferré, "sur la table ou sur rien", là où l'espérance libertaire de tous les actes qui nous sont possibles, se fait.

An terme de l'idée anarchiste, nul doute que la mise en commun des moyens d'expression est liée à la volonté d'indépendance de l'individu. L'ordre et l'anarchie, c'est l'unité des contraires retrouvée.

Nous sommes nés dans un monde complexe, fait avant et sans nous. Nous avons cru une unique voix des étoiles, puis nous avons douté pour croire autrement et douter à nouveau. Et nous voilà dans le chaos des lacrymogènes et des grenades assourdissantes.  

La démocratie représentative, c'est la matérialité triste du sommeil. On ne la voit pas arriver, se préparer, attendre parmi cette foule bousillée à vie, toute prête à sauver la réalité normalisée.

Il nous faut prendre conscience de la distance entre ce monde et nous, qui ne sommes que passants.  

Chacun cherche sa parole, chacun cherche sa vie. On va de soi vers les autres, ou le contraire, fût-ce avec un monde imaginaire. Pour continuer son chemin, il faut redevenir périphérique. Et peut-être plus : refuser tout contact avec le monde fric et flic.

Je n'ai pas peur d'appartenir à une minorité. L'en-dehors n'est pas une évasion mais une invasion.
Mon désespoir, mon amour déchaînés et armés, non pas dans la fuite mais dans le combat.

Mon frère, de quelle Europe sommes-nous ?
Il n'y a pas de chemins, ici. Ni un autre soir.
Le vent voyageur s'est perdu. Le soleil d'hiver regarde vers la nuit.
 
Quiconque a accepté d'une certaine façon les règles de la société étatisée, perdra sa quête d'amour et sa quête de sens.

Toutes les désobéissances sont permises. Quand on choisit l'anarchie, on choisit la liberté libre (comme le disait le méchant des terres inconnues), puisque l'une ne s'exprime qu'en exprimant l'autre. 

J'aime la liberté poétique illimitée des murs vides qui se colorent de mots.

La marge porte en elle une grande soif de routes et d'aventures.

Il faut retourner à sa jeunesse. Regarder, écouter, goûter, sentir. Cette chaîne ininterrompue de sensations-émotions, multiples et différentes, fait référence au clair soleil de l'espace buissonnier.

Prendre le pouvoir n'est pas un acte naturel, mais il est essentiel de prendre son pouvoir. La vraie Ithaque de notre vie, c'est l'indépendance d'esprit, l'autonomie spirituelle de l'individu. Je crois que la seule expérience de renaître ne veut ou ne peut comprendre le chemin du pouvoir. La liberté des idées est noire comme le centre de la lumière et elle est l'autre ressource.

L'écrit ? Quel écrit ? Surtout ne pas circonscrire le vif, le vivant ! La forme inscrite est absente du monde. Mais avant ? Qu'avons-nous ouvert, avant ? 

Le jour se lève sur la forêt
L'étoile formée par ma main caresse le ciel
Je n'ai pas de nom
Je suis venu juste pour entendre, voir, regarder








Les ombres courent sur les murs de la caverne.
Lumière et nuit se tiennent chaudement serrées l'une contre l'autre.
La lumière factice de notre lampe n'a encore rien vu, ni exploré et rien connu.

L'absence opère de loin, depuis son ombre, pareille à une île à l'envers qui affleure sous la surface.

La recherche de l'autre ou d'autre chose est toujours dévoyée par les longues fatigues de soleils dans le mouvement continu des apparences. La seule chose certaine est que l'univers pervers de la faute est entièrement tissé des souffrances de la honte.

Nous avons une faim irrépressible de vraie lumière.
Et nous savons que c'est impossible, comme le savaient les enfants perdus de l'Ancien Monde et comme l'éprouvaient les vrais fils de la lumière marine ou lacustre. 
Tout à coup, ce n'est plus ce rouge des flammes qui nous anime, comme il animait les voleurs de feu, mais au contraire le sentiment que nous relevons tous de l'harmonisation de la matière, harmonisation qui nous fait verser les larmes de l'amour.

Nous serons toujours ensemble pour des promesses du ciel qui n'en sont peut-être pas.
L'athéisme aussi est un grand voyage intérieur. C'est l'île-corps qui habille la mer, qui la recouvre et non l'inverse. Je veux dire simplement que la matérialisation visuelle d'une conscience intérieure et/ou d'un regard antérieur nécessite une recherche sensible, une tentative individuelle, et par conséquent un acte de libération.
Qu'est-ce que la libre pensée, sinon l'action d'exalter les grandes lignes de fièvre, belles et simples, à travers la pluralité de nos expressions ? L'Être unique, dont chacun d'entre nous est une parcelle infinie, correspond à une vérité personnelle, à un état naturel. 
Ainsi, tout ce que je connais de ce lien filial avec le bleu du ciel spirituel, je l'ai rapporté de toutes les interrogations sur le salut et sur le sens.
La régénération de la matière par l'esprit n'est rien d'autre, pour moi, qu'une coordination presque parfaite d'instants et d'actions purement terrestres. 
La libre pensée est ce vent voyageur arrivé de très loin, qui refuse l'incertitude de l'amour crucifié aux quatre coins du monde. 






L'étrangeté du divin est cependant bien ancrée dans la chair du monde, dans la chair tendre de la vie.

L'imagination poétique est tout notre ciel.

Il n'existe plus d'Être extérieur nécessaire et absolu.
Le ventre de la femme est une terre d'eau sans le faire exprès.
Il faut oublier l'interprétation chrétienne de notre être,
et mettre le cap sur l'au-dedans à travers l'infini des étranges constellations.

La chair souffrante d'un libérateur mystérieux s'est enfuie au-delà du temps.
L'univers existe par lui-même et trace sa ligne.

L'église, le monde et le ciel ne font plus obstacle à la plus totale des reconversions de l'état adulte à l'enfance animale de la fête sauvage.

L'infini est dans le fini
Le ciel est sur la terre
L'essence est dans l'existence
L'aventure est tout autant intérieure qu'extérieure
Elle nous entre par le corps et écoute notre histoire
Il est important d'être conscient du mystère de cette relation
Mais voici plus important que tout : être soi c'est être unique










Le rêve est création et l'imagination est éternité, ou devrais-je dire un commencement de l'éternité.

Les mers devraient toujours garder les yeux ouverts sur les cent autres couleurs du bleu.
C'est cela l'éveil de l'âme, c'est comme un grand voyage intérieur.

Cette terre est née d'un rêve, elle s'éveille sur une mer matériellement ou spirituellement indéfinie qui n'appartient qu'à elle.

Ce n'est pas si simple de saisir la liberté d'un mot d'amour dans l'instant même où l'on s'éblouit de l'île d'elle. Les mots d'amour ne sont pas simplement des mots, ils semblent exister dans une forme de pensée radicalement différente, qui court se cacher derrière le nuage. Pourtant les mots d'amour sont là, partout présents, qui rayonnent en aurores et communiquent avec nous par les feuilles des grands arbres dans un langage rêvé. 

Les mots pierre blonde, colline ronde s'entremêlent et s'entrouvrent jusqu'à la pointe d'une poitrine nue qui nous fait battre le cœur.

L'esthétique de l'amour recèle un mystère, un secret qui git au cœur de l'invisiblement visible.
La profondeur lumineuse et fraîche des caresses relève d'une autre approche, d'une autre écoute du corps intérieur.

Je sais que l'éclair silencieux de ses yeux est aussi une forme de feu essentielle du vivant.

Aimer cela veut dire fais-moi l'odeur de ta bouche.
Plus on fait l'amour dans l'amour, plus on fait l'exact contraire du rapport dominant/dominé.
Aimer cela veut dire fais-moi le goût de ton sexe.

Dans ce rêve, la respiration de l'amour tend à devenir ronde comme le point du jour.
Et les deux doigts si profonds de cette main me font entrer dans la longue île du moment présent.

L'eau des yeux reflète le ciel de notre couleur.

Le passage de l'amour d'un corps à l'autre n'est pas moins bouleversant que le déchirement de cette grande ombre de la lumière.

Ce sont les lumières les plus pâles et non pas les plus brillantes, qui établissent l'innocence des jambes, des bras, du cou.










Tandis que l'inspiration poétique redonne chair à la liberté imaginative de l'enfance, l'art est encouragé par le courant libérateur de l'anarchie.

L'instant poésie est un instant dans le cœur. Où il y a de l'amour, il y a de l'éternel.

La place libre de la vie s'étend d'un espace de la présence à un autre espace où l'on crée, jusqu'à ce que se dessine un chemin de la parole. 
 
Si ce n'est le dépassement de l'isolement des formes de la nuit, où et quand le langage de l'être sublime ? Où et quand l'attente d'une lumière, d'une chance ?

Il faut oser l'indépendance d'esprit pour mieux ressentir l'inspiration émotive.
C'est pourquoi toute émotion libre dans un cheminement libre n'a de cesse d'accorder une place particulière à la spiritualité. 

Il existe un autre monde dans le monde, où l'on peut choisir une forme de l'eau, comme on peut désirer un coquillage. Je me souviens d'un ciel rosé par l'aube. Il n'y avait là ni dessin, ni même image. Un rose suffisait à son âme en voyage. Un autre paysage avait cependant surgi de la transparence vers toujours plus de beauté. Toute la féminité de l'être se lisait désormais à fleur de rose. Mon ami, il en est de ce monde comme de l'autre, ils baignent dans le même liquide nourricier. 






Il y a un cri perdu de la lumière
Dans les ombres noires inhabitées
Où sont les ciels de mai ?
Et les ruisseaux limpides qu'il faut aimer ?
L'au-delà n'a pas d'existence, de chair
Il faut remplacer l'au-delà par le tout de suite

La lumière d'un lampadaire
Hantée par les éclairs lointains
Cachés dans les nuages
Est prise en flagrant délit
Il y a des présences inconnues
Toutes surprises de connaître
Des destinations nouvelles
Le souffle de la nuit
Emplit l'ombre claire
De ces formes rêvées
Tout ce que je connais
De ce ruissellement des formes
Je l'ai rapporté d'un clair de nuit
Ou d'une pâle aurore
L'éclat furtif des portes de la nuit
Renouvelle son approche de ce beau secret






La vie secrète de notre monde vient d'au-delà des étoiles et contenait déjà à l'état embryonnaire le souffle de l'aurore.

Le souffle du matin sur la mer
Baigne encore dans les eaux maternelles
L'un croit au ciel, l'autre n'y croit pas
Mais il y a l'idée de la mer entre eux
Le souffle du matin sur la mer
C'est la possibilité des chemins, des contacts et des messages

La mer pâle est dans le ciel
Et ceci encore : le ciel se précipite à l'intérieur
Car je sais déjà qu'au plus haut de ce paysage inattendu
Il y a des pierres remplies de silence
Qui portent vers la Voie Clarté

Nous ne cesserons jamais de rêver à l'idée d'un état de création permanent. Le ciel nous regarde. Et plus il nous regarde, plus il faut que nous puissions ajouter quelque chose par le rêve au bleu qui s'opacifie. 

Un seul voyage pour combien de temps encore ?
Comment changer la Mort ? Comment commencer la Vie ?

Nous ne sommes qu'au début d'une nouvelle nuit de la Chevelure de Bérénice. 
Les fréquences croisées de la nuit multidimensionnelle ne peuvent de prime abord que surprendre les Sans-Musique. 



Dans l'univers des chants de l'île
La mer noue avec le ciel des relations d'être à être
La mer et le ciel forment un couple vivant
L'enveloppe extérieure de l'indicible les lie, les rapproche, les éblouit
Mais beaucoup ne le voient pas

Il n'y a pas autant d'îles que d'étoiles
Où se trouvent donc les îles manquantes de la mer ?

Mers et Murs

Je crois percevoir une voix
Qui appelle de la Cité radieuse
Un passeur de ciel en ciel a fait son apparition
Il est Celui qui vient de l'Innommé préexistant
Tandis que la lumière frappe les murs
Son ombre se projette sur les mers






La lumière ferme les yeux
Le bleu s'est endormi dans le ciel
Mais l'ombre se pense lumière
Et brille plus claire que le soleil
Qui n'a pas eu la force d'entrer
Dans une grotte ouverte au flanc de la colline

Le vrai monde est à tous les yeux
Qui le cherchent dans la nuit

Par-delà le mugissement du vent
Les bras de la forêt retiennent l'étoile de l'aube
Et dans le bleu de la nuit
Le désir brille d'amour




Le soleil intérieur retenait son souffle. La lumière inondait le monde, mais elle pouvait basculer du côté obscur de la force. La claire nuit était un doux désespoir qui imprégnait les silences, où se perdaient les palais de nuages aux ailes blanches repliées comme des étoiles dans le ciel noir de leur pensée. 

L'éclairage de la rue emporte une lueur noire
Que regarde cette fenêtre de pierre dans la nuit tombante ?

Il y a des lointains intérieurs qui voyagent par erreur dans l'espace étoilé.
Ils ont percé et franchi la membrane fœtale sans savoir que tout est lié, interconnecté.

Dans les yeux de la mer et derrière la porte inventée sur l'éternité, il y a une préférence désespérée pour les instants.

L'être inexploré n'est pas un chemin, mais une destination.
C'est le rivage qui donne la forme de ce départ vers l'infini.

Le parcours des vagues ne meurt pas dans le vivant, dans le lumineux, car il arrive qu'une étoile devienne île et une île, existence totale de lumière.

La multiplication indéfinie des songes traverse parfois le royaume précieux, inventé d'une entité immatérielle. La haute route des aubes blanches est lancée sur les ailes d'une lame de fond. Quelle que soit l'issue, les merveilleuses traces de vol explorent dans les grands courants d'étoiles, d'autres univers vibratoires. 





La pensée magique

Il est dit dans les mythes Sumériens que des êtres d'un autre monde interagissaient avec les hommes.
Les Anciens Mexicains racontaient aussi que des êtres étaient descendus sur terre et avaient engendré ce qui était encore caché, invisible, non manifesté. 

L'angoisse du néant
 
Les Anciens Mexicains disaient que les dieux étaient leur propre lumière et que les hommes ne pourraient franchir les limites du temps et de l'espace, que lorsqu'ils possèderaient la puissance énergétique de la galaxie tout entière. C'est là - et nulle part ailleurs - que résidait l'échange du sang entre l'homme Maya et ses maîtres célestes - échange que la coutume des sacrifices humains satisfaisait de manière brillante !

La promesse du ciel

Les lignes géométriques des dieux de Nazca sont une figure clé des routes de l'imagination souvent interprétées, sans preuve sérieuse, comme une trace laissée sur la terre par des astronautes d'une civilisation venue d'ailleurs. Les dieux avaient-ils besoin de descendre du ciel sur la terre pour redonner à ce monde le goût de l'infini ? Certes l'univers est infini, mais il ne l'est pas assez pour inclure l'infini imaginaire humain.







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